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Hivernales (suite) : Présentation de l’article de Haidar Eid Chahine re-écrit’il l’histoire ?

Présentation de la traduction de la recension par Haidar Eid du film Le Destin de Youssef Chahine.

mercredi 9 janvier 2013, par Aliette G. Certhoux

1998 - 2013... Voici la présentation de la traduction actuelle (mais sous tout autre état inédite) publiée dans La revue des ressources de l’article de Haidar Eid écrit en 1998 sur le film de Youssef Chahine Le Destin, au moment où il était distribué en salles après avoir été ovationné au 50e festival de Cannes, où le metteur en scène reçut pour l’ensemble de son œuvre le prix spécial du cinquantenaire de la création du festival.

Présentation

Janvier en route pour février... c’est le moment d’évoquer les renversements carnavalesques dans l’art et dans la vie et le retour de la face cachée de l’anneau de Möbius [1]. « Carnavalesque » est un concept matérialiste du processus de réversibilité, attribué au dynamisme révolutionnaire, tiré de l’ouvrage de Mikhaïl Bakhtine, L’oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance. En France, la première édition traduite de l’ouvrage soviétique, paru en 1965 d’après le texte écrit en 1940, fut publiée par les éditions Gallimard, en 1970 [2]. Ce mot est devenu un concept nomade, exploité dans la théorie post-moderne et la plupart du temps sans la citation de sa source quoique maintenant fameuse, peut-être aussi parce qu’ici les situationnistes tenaient alors et encore, et avec Georges Bataille d’autre part, le devant de la scène sociale critique avancée par la revendication du potlatch, face à une culture marxiste-léniniste mise en question. Les temps de disette replacent les idées à leur propre endroit.
En tous cas, réjouissons-nous que Haidar Eid, plutôt marxiste gramscien — et sémioticien, — aujourd’hui parqué à Gaza (depuis le milieu de la dernière décennie), sa ville familiale d’où à juste titre il devint l’un des membres co-fondateurs de l’éminent One Democratic State Group et co-instigateur du concept de l’apartheid appliqué à la Palestine (après avoir étudié et enseigné en Afrique du Sud à Soweto, puis en Chine), ait eu l’inspiration nécessaire, à la fin du millénaire dernier, pour regarder le cinéma de Youssef Chahine d’une façon telle que cet article de 1998 actualise le grand cinéaste au-delà de sa mort, au contact des nouveaux tumultes immédiats du monde de nos jours — pas seulement le Moyen Orient.
Le XIIe siècle marque à la fois le commencement du pouvoir de l’inquisition catholique contre la libre société des cathares du Languedoc, et le pouvoir des ulémas intégristes de l’islam contre la société ouverte du califat de Cordoue, qui provoqua l’autodafé des livres d’Averroès et l’obligea à s’exiler au Maroc. Ainsi peut-on voir de la même façon les intégrismes actuels s’articuler ensemble, et sous couvert d’unité, « binariser » (polariser) la destruction de la diversité — ce qu’on appelle détruire les libertés, en fait l’un est dans l’autre ; de la même façon Haidar Eid nous explique comment empêcher de penser revient à réduire le corps humain, à l’éliminer.
L’impact cinématographique égyptien de Youssef Chahine est notoirement international ; dans son film autobiographique Alexandrie, pourquoi ? il montre comment en découvrant le cinéma américain il naquit au 7è art dans les années de l’après-guerre en Égypte, et pourquoi il fit ses études de cinéma aux USA ; mais il était également de culture francophone, particulièrement francophile (sa veuve est française), et réalisa des actes artistiques en France, notamment une mise en scène fameuse du Caligula d’Albert Camus, à la Comédie Française, en 1992. Quant à Haidar Eid, nous mesurons le fossé douloureux qui le sépare aujourd’hui de cet article qui pourtant le reflète toujours, à savoir qu’il ait traversé l’histoire de Gaza jusqu’ici en dépit des bombes, environné de morts dont des membres de sa famille, de destruction, et de détresse, vivant dans la pauvreté au milieu d’un océan de ruines, sans pour autant avoir perdu le courage de sa pensée politique séculière et d’exprimer son combat ; ce texte a 15 ans, tant de choses ont changé depuis... mais la pensée résiste ; il comprend 13 aphorismes numérotés : nous sommes en 1913, il était temps de le faire connaître en français — version par conséquent inédite.
Courage Haidar ! « Nous » savons et « nous » pensons à vous ! Merci pour vos textes poursuivis au long des sites activistes ou dans la Presse. Que cette année connaisse la révélation de la face interne du ruban de Möbius, la réalisation du carnavalesque envers et contre tout, et surtout : la libération de Gaza, afin de pouvoir enfin vous recevoir sans risque que vous soyez interdit de retour.

Aliette G-C.


Logo : Un dessin de Naji al-Ali qui convie Hanzala, personnage emblématique de la résistance palestinienne. (Source Hanzala : The Conscience of Palestine).


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P.-S.

Le retour du renversement carnavalesque chez Youssef Chahine vu par Haidar Eid

Recension du film Le destin (1997) de Youssef Chahine par Haidar Eid, pour Cultural Logic, Vol.2, N°1 (1998).

L’article à suivre en 2013 :

DESTIN

Le Destin : Chahine récrit-il l’histoire ?

http://www.larevuedesressources.org/le-retour-du-renversement-carnavalesque-chez-youssef-chahine-vu-par-haidar-eid,2456.html.

mercredi 9 janvier 2013, par Haidar Eid , Louise Desrenards (traduction)

@ La Revue des Ressources

Notes

[1] Selon un point de vue de l’artiste Pascal Baes dans les journaliers de criticalsecret, à propos du tirage des rois, avec lequel cet article de Eid à propos du cinéma de Chahine compose une sorte de diptyque ahistorique.

[2] Une re-édition en poche chez le même éditeur de l’ouvrage L’oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la Renaissance, de Mikhail Bakhtine (1895-1975), est accessible en librairie et dans les librairies numériques (par exemple dans le site amazon.fr.

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