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#MichelBelisle Quelques considérations | Of This and That

Sunday 30 November 2014, by Michel Belisle (Author - Translator)

Je suis de ces créatures qui semblent le plus inspirées par la nuit, ce moment où il est inscrit que la grande matrice de la ville devient libre, dégagée, aérée. L’été il m’arrive parfois de déambuler dans les rues parfaitement abandonnées à elles-mêmes, devenant un intrus dans le maillage de la cité assoupie, pour le simple plaisir d’être véritablement seul au monde, sans aucun obstacle à ma pensée.

C’est dans un de ces moments de liberté réelle où rien ni personne ne peut en altérer toute la grandeur que m’est venu ce concept de la Cité compacte. Amalgamant dans mon esprit des notions aussi disparates que l’évolution des formes de la cité depuis ses origines, des études comportementales sur les animaux, des notions de topologie, les mécanismes de stockage des données informatiques (arbres, matrices, réseaux maillés, etc.) et la géomatique, j’arrive à une vision toute personnelle de ce qu’est la Cité, plus particulièrement ce qu’elle est en tant que contenant, en tant que structure, l’objet plutôt que son utilité, objet dégagé de son sens.

L’angle droit permet un stockage efficace des objets : aligner des tables, empiler des boîtes, faire se succéder des pièces de part et d’autre des corridors. Mais à trop user du pratique, on perd le poétique. La rythmique surexploitée ne laisse que peu de place à la rêverie. Ces considérations sont importantes car, sans s’en rendre compte, le contenant Cité est réduit à un promoteur de la performance. Ne pas dévier d’aucune trajectoire. Toujours viser un point B, utile, nécessaire. Rêver et flâner sont devenus des luxes, parfois des interdits. On nous propose de-ci de-là, des coupures rythmiques, des courbes, des espaces inégaux... masques trompeurs pour que l’illusion du rêve perdure, intention fugace et partielle, sans jamais affecter la productivité.

Utilisation maximale de l’espace et du désir de fluidité de la circulation, circulation automobile ici qui a supplanté en importance, à tous points de vue, la circulation humaine. Efficacité jusqu’à dépersonnaliser le paysage urbain en créant des rues et des avenues sans même penser les nommer, simplement les signifier par une séquence : 1re Avenue, 2e Avenue... 1re Rue, 2e Rue et ainsi de suite ; se rendre jusqu’à la 100e Rue et davantage : victoire et extase de l’expansion, adressage de cases-mémoire. Cent rues en file, corridors sertis de bâtisses si semblables porteuses des cellules habitables : prison pour gens libres. Construire une ville comme on assemble un microchip. Proximité maximale : Cité compacte.

Espace-public-fonctionnalité. Vivre la rue, percevoir son espace et sa poésie, c’est du passé. La Cité, un ensemble de destinations : travail, commerce, lieux de récréation. Rien de plus. Montréal possède de ces étranges règlements municipaux qui donne ce pouvoir sélectif aux policiers de déterminer qui a le droit de flâner et qui doit circuler. Rêver assis sur un banc public est potentiellement passible d’infraction. Il faut circuler, ne rien congestionner. Éviter la coagulation.

Les grilles que je dessine plus ou moins régulièrement depuis environ deux ans reprennent ces constatations et tentent d’exprimer à la fois la surcharge et la stérilité : surpopulation et absence relationnelle, déstabilisation du facteur humain dans le système fonctionnel de la Cité compacte. Perspectives et plans brisés pour révéler les différents niveaux d’organisation de l’espace : rues, artères, façades d’édifices, portes, fenêtres, corridors stylisés, tous reprenant à divers niveaux de pénétration d’observation les mêmes structures spatiales. Perspectives tout aussi déchiquetées que ses habitants paraissent inquiets. L’observateur, à distance ou de près, sera confronté à l’opposition entre habitat en société et fonctionnalité mécanique.

(Note : le thème artistique développé ici ne rejoint pas, ni ne s’oppose ou ne critique, le concept de « cité compacte » comme modèle d’urbanisme à tendance éco-responsable.)

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Zoom sur l’humain, habitant de la Cité compacte, presqu’en intrus, unité bio-fonctionnelle encore nécessaire au grand schéma de la productivité. Zoom sur les activités de l’humain et ses périphériques tel le sac, accessoire devenu organe externe tant il est incontournable, pour se servir encore une fois de cet adjectif usé. Le sac, qui se décline dans toutes formes, noms et fonctions, permet d’apporter avec soi les essentiels de la productivité et même davantage.

Objet exposé à la vue de tous, révélateur partiel de l’intime, identifiant du statut social et, occasionnellement, support à l’expression artistique, le sac reprend dans sa construction des éléments structurellement similaires à la composition de la Cité : quartiers pour la Cité, compartiments pour les sacs. Segments qui prennent des identités et des fonctions selon leurs formes et leurs contenus, au gré des besoins de la personne qui en organise le tout, consciencieusement ou non.

L’idée n’était pas de moi à l’origine mais c’en était une bonne : fabriquer des sacs et les vendre sur Internet, des sacs plutôt que des vêtements pour ne pas sombrer dans les problèmes de gestion des tailles. Tenter ainsi de faire quelques dollars, me préparer graduellement à une retraite et me garantir une occupation pour ces longues journées à venir, continuer la pratique des vieux métiers appris il y a des lustres, conserver des habiletés.

Quelques expériences dont il ne reste rien aujourd’hui : sacs malhabiles, trop petits, trop grands, trop fragiles. Des tentatives qui m’ont orienté, de même que les matériaux et l’équipement à ma disposition, vers une démarche d’objets uniques bien loin de la confection en série, même limitée, celle qui était en vogue il y a quelques années dans les cercles initiés d’artisans prenant avantage de nouvelles plateformes de vente en ligne. Des sacs qui prenaient un temps fou à confectionner, des témoins d’une démarche hésitante mais qui a débouché sur une représentation de l’être humain, découverte au hasard, en parallèle avec une thérapie courte mais très efficace.

Cette thérapie présentait l’esprit de l’être humain en trois couches : ce que l’on croit être devant les autres, ce que l’on sait être, ce qu’on ne sait pas de soi. Vision simplifiée et peut-être simpliste mais la question était de ne pas s’empêtrer dans des définitions et des détails pour se concentrer sur des actions concrètes pour me comprendre et me construire des mécanismes d’amélioration. Ces trois niveaux ont donc très rapidement trouvé un écho dans les trois couches qui, techniquement, constituaient tous les sacs que je créais.
L’extérieur

La personnalité visible, exposée. L’image que l’on aime projeter sur les autres. On se veut tous uniques et agréables et, malgré tous nos efforts, il reste toujours quelques imperfections, imperfections qui existent dans la construction de mes sacs. Je les cache ou les amplifie pour leur donner un style qui les rattache au design général de la pièce. Soie, perles ou rubans satinés, matériaux qui appellent à une idée de qualité et de luxe pour faire écho à une expression que j’ai entendue il y a longtemps et qui fait beaucoup de sens si on y réfléchit un peu : « on a les défauts de nos qualités », comme par exemple une personne qui a très bon cœur peut glisser facilement dans la naïveté.

Le canevas

Denim blanc ou bleu, le plus souvent entièrement recouvert par la coquille extérieure. Matériau solide sur lequel se greffent les éléments de la « personnalité » du sac. Cette couche représente ce qui nous cimente intérieurement : nos pensées, croyances, convictions et actions réflexes, automatismes sur lesquels nous nous rabattons pour exécuter les « quotidienneries » ou encore pour se sortir des moments déstabilisants, gardant pour plus tard, peut-être, un temps d’analyse ou simplement de refus, de déni. Le canevas supporte les tensions physiques d’usage du sac pour éviter les déchirures éventuelles de l’enveloppe.

La doublure

Notre for intérieur, le lieu de nos secrets, de nos aspirations, la mémoire de nous souffrances, ces complaintes en sourdine qu’on ne peut vouloir entendre en permanence. Doublures en soie, riches en détails que seule la personne qui possède et utilise le sac peut observer. Les détails sont créés à partir de déchirures que je faisais dans le tissu et, en le recousant patiemment à la main, j’imitais nos moyens de reconstruction interne visant à nous guérir de nos blessures subies au cours de notre vie.

Le tout était un concept intéressant mais la vie m’a amené ailleurs depuis. J’ai dû me départir d’un grand nombre de mes équipements et matériaux. Rien ne m’interdit cependant de revenir aux arts textiles. Je continue un parcours incertain.

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Se faufilant entre les édifices statiques de la Cité, les humains sont affairés, en mouvement, assurant à la fois individuellement et collectivement le maintien de la vie fonctionnelle du système social. Le mouvement est un ingrédient clé, presque l’aliment même du système : agitation des habitants, échanges pour affaires, circulation des idées. On ne s’étonnera pas de constater l’immense intérêt pour toutes les images en mouvement, reflet de ce qui compose notre quotidien et ce qui lui permet d’être.

La vidéo donne cette impression de pouvoir reproduire, par le mouvement, une large portion du spectre des perceptions. Objectivement, seules la vue et l’ouïe sont les sens qui sont directement sollicités. Mais un autre élément qui, sans être un sens mais se servant d’eux comme canal, permet de pallier les limitations de ce média. Il a le pouvoir de suggérer les sensations du toucher, du goût et de l’odorat. Il agit jusque dans le monde des émotions. Sans être essentiel dans la conception vidéo, il est omniprésent. Il peut être évoqué sans qu’il ait besoin de se manifester : le langage.

Le langage est l’élément humain qui dépasse le monde du corps et nous relie au monde de l’esprit, de la conscience et des perceptions subtiles. Le langage se décline en parole, en écoute, en écriture, en lecture : quatre composantes, un carré sur lequel s’appuie notre propre développement, à partir duquel on peut échafauder les rêves les plus fous, les espoirs les plus vibrants.

Le langage s’étend au-delà des mots et des idées, s’insinue dans les formes, les couleurs, les mouvements à tel point qu’ils deviennent tous à leur tour langage, un mode de communication sans qu’un mot ne soit lu ou prononcé, capable d’atteindre directement le champ des émotions, de franchir les barrières des sens et de la raison, de nourrir l’intuition.

J’ai découvert il n’y a pas si longtemps que je pouvais écrire. On m’a suggéré d’écrire de la poésie. Couchée sur papier ou récitée, ma voix poétique m’apparaissait faible et sans substance, sans que je ne sache pourquoi. Ce ne fut qu’à l’écoute de poèmes récités sur scène que je compris la lacune de mon expression écrite. Mes textes à caractère poétique ne sont pas faits pour être lus, plus précisément ils ne peuvent exister seuls. Ils sont comme des matériaux dans un amalgame : utiles à la cohésion et à la qualité de l’ensemble mais, pris isolément, ils demeurent inertes et sans intérêt. Par hasard, l’idée d’utiliser ces textes telle une trame narrative dans une composition vidéo m’a permis de trouver une voix, une forme disons orchestrée. On pourra volontiers me reprocher de noyer de mauvais textes dans des images et des sons. J’en suis aux premiers essais et en suis suffisamment heureux pour continuer l’expérience — voir «Assemblages magnétiques I»  [1] :

L’essentiel y est. Mais la recette reste pour moi un mystère. Elle le restera probablement toujours. Je crois même que si je découvre trop bien comment mon travail créatif fonctionne, ensuite je resterai encadré dans une formule-succès et serai contraint à me répéter constamment jusqu’à plonger dans le rabâché dévastateur. La recherche de la formule gagnante, une fois trouvée, est une formule perdante.

La vidéo me permet d’inclure tous les éléments des différentes techniques que j’ai pratiquées au fil des ans. J’ai trouvé un moyen de donner un fil conducteur à toutes ces explorations, toutes mes hésitations. Créer pour les besoins de «  emplir » une vidéo qui, à son tour, devient point de départ pour créer des éléments connexes, complémentaires, qui peuvent être récupérés au hasard de sélections futures pour d’autres projets vidéos. Travail itératif où tout devient prétexte à nourrir les prochaines étapes.

J’ai réussi à trouver le moyen de tracer un chemin, en fait de créer des modalités cartographiques, de donner un sens à mon éparpillement créatif. Je reste perplexe devant le non-sens de ce que je crée, devant son inutilité apparente. Comment se fait-il que quelque chose ne servant à rien, de laquelle on ne peut tirer aucun sens, puisse plaire ? Chaque observateur y construit son propre sens, j’imagine. N’est-il pas alors étrange d’être motivé à créer l’incompréhensible, se confronter constamment à des questions pour lesquelles il n’existe aucune réponse ?

Mon véritable défi n’est pas de créer (c’est la portion facile) mais de dépasser les craintes de construire sans aucune base de connaissance solide, sans avoir de message précis à évoquer.

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Qu’arriverait-il si un message involontaire se glissait dans mes œuvres ? Si je quitte l’évidence pour le subtil, ne risque-t-on pas d’imaginer des sens contraires à la morale ambiante et restrictive qui sévit en tous lieux de nos jours et de devenir, de ce fait, un propagateur de la dissension malgré moi ? Ces questions sont importantes. On m’a maintes fois suggéré de laisser libre cours aux critiques et commentaires : ce que j’ai offert au monde, ce que le monde en fait ne m’appartient plus. Mais voilà, je me trouve entièrement indissociable de ce que je crée. Critiques et commentaires visant des objets qui proviennent de ma propre existence, conscience, réflexion, intuition, me visent également. À moins que je les recueille, les embrasse, les absorbe ? Par nécessité ou faiblesse ? D’une nature déjà instable, on comprend peut-être en partie pourquoi des orages violents se déclenchent en moi à chaque fois que je suis confronté à un « attaque », qu’il y ait une intention négative ou non. Ces orages sont très destructeurs. Autodestruction. Mais sous forme de projection. Destruction des œuvres. Une extension de l’automutilation, probablement. Je résiste à chaque fois mais je cède. J’ai longtemps cru que ce mécanisme dangereux résultait du fait que je ne pouvais défendre mes créations par manque de solides assises de connaissances. Je n’en suis plus tout à fait certain. J’entrevois qu’il y a une raison, sauvage. Et si ce que je crée n’est qu’un pâle reflet de ce que je voudrais réellement créer. Je veux signifier par là que toutes ces hésitations, ces distances, ces erreurs de parcours entre mon imaginaire et les pièces créées ne seraient que des indicateurs d’autocensure. Les critiques et attaques qui me blessent tant ne seraient alors que des révélateurs de ma propre incapacité à créer « pour vrai ». Que ce que je détruis ne sont que des représentations fausses, ou à tout le moins incomplètes ; que se révèlerait à moi-même une sorte de fraude. Ce sont les toutes nouvelles et dernières questions auxquelles je suis confronté. Je ne sais pas comment les articuler, les développer, leur proposer de réponse.

Les plus récentes critiques sur Facebook m’ont suffisamment rendu instable pour que je décide de restreindre au minimum ma présence sur les réseaux sociaux. Cela ne signifie pas que je doive cesser toute forme de création, seulement trouver un autre moyen, libérer un autre degré, retourner s’il le faut à des modes de diffusion traditionnels. C’est ce que je vais tenter en partie. En partie, car il reste la portion vidéo de mon travail exploratoire qui trouve pour l’instant la meilleure plateforme avec YouTube. Je n’en suis réellement pas encore à l’étape de proposer des visionnements publics, même en petite salle.

Je tente cependant quelque chose de hardi, en rapport avec mes moyens limités. Je vais publier un journal imprimé à quelques dizaines d’exemplaires. Je ne sais pas encore si je les vendrai ou les offrirai gratuitement à mon « lectorat » (qui sera évidemment à constituer). L’idée de retourner à la permanence d’un objet concret en opposition aux modes de diffusion électronique reste encore pour moi une source d’indécision. J’aimais l’instantanéité relationnelle des réseaux sociaux, mais le prix à payer, à chaque intervention, est devenu trop élevé. L’objet concret et palpable rejoint cependant la notion de création, d’œuvre, dans un sens plus intime. Je vais au moins tenter l’exercice pour une publication. Si l’expérience s’avère concluante, d’autre suivront. La vie ne s’arrête pas, la nécessité de créer non plus.

M.B.


Inédit pour criticalsecret © 2014 Michel Belisle

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En français | Into English

p. 1, p. 2, p. 3, p. 4 | V


I am one of those creatures who seem more inspired by the night, when it is obvious that the great matrix of the “City” becomes empty, open and airy. In the summer I sometimes ramble streets perfectly deserted, becoming an intruder in the sleeping city grid for the simple pleasure of being truly alone in the world without any obstacle to my wandering thoughts.

It was during one of those moments of real freedom where nothing and no one could alter its greatness that I came up with the concept of the “City Compact,” a composition of diverse ideas ranging from the evolution of city shapes and structures since its origins, behavioral studies on animals, topology, computer data storage structures (trees, matrices, mesh networks, etc.) and geomantic. I came up with a personal vision of what the “City” is, particularly as a container, a composition, the object rather than its usefulness, an object detached from its meaning.

The right angle offers efficient storage of items: align tables, stacking boxes, a succession of rooms on either side of corridors. By being too pragmatic one loses poetry along the way. Overexploitation of rhythmic storage structures leaves little room for reverie. These considerations are important because without realizing it, the “City” as a container is reduced to a performance agent. Do not deviate from any course. Always aim at point B; useful, necessary. Dreaming and strolling become luxuries and sometimes are prohibited. Here and there one can observe rhythmic cuts: curves and uneven spaces... misleading masks nourishing the illusion that dreaming remains a possibility, a fleeting and abbreviated intention without affecting productivity.

Maximum use of space and the desire to regulate traffic flow: traffic here has supplanted in importance and from all points of view the human flow. Efficiency up to full depersonalization, the urban landscape is organized with streets and avenues without names, a simple sequential identification: 1st Avenue, 2nd Avenue... 1st Street, 2nd Street and so on; align 100 streets and more: victory and ecstasy of indefinite expansion, computer memory address block. A hundred streets queued, corridors of buildings all alike, cell holders: prison for free people. Build a city like a microchip. Maximum propinquity: the “City Compact.”

Public-space-functionality. To feel the street alive, to connect to its space and poetry, that is so passé. The “City,” a collection of destinations: work, business, recreational areas. Nothing more. Montreal has these strange by-laws that give police officers the power to selectively determine who has the right to hang out and who needs to move away. Daydreaming, sitting on a bench is potentially a punishable offense. Must circulate, do not congest anything. Prevent coagulation.

Grids that I have drawn more or less often for about the past two years illustrate these thoughts. I try to express both overload and sterility of an overcrowded surface and the lack of interpersonal relations, and the destabilization of the human factor within the functional system of the “City Compact.” Broken perspectives and awkward plans drawn to reveal the different levels of organization of space: streets, roads, building facades, doors, windows, stylized corridors, all endorsing various zooming levels of observation and the similarity of spatial structures. Shredded perspectives echo the level of anxiety of its inhabitants. The observer, either located afar or nearby, will be facing the opposing tension between social structures and mechanical functionality.

(Note: the artistic theme developed here does not comply with, oppose or criticize the concept of "compact city" as an eco-friendly city planning system.)

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Zoom on the human, inhabitant of the “City Compact,” almost an intruder, a bio-functional unit still required by the big scheme of productivity. Zoom on human activities and the peripheral devices such as the bag, an accessory that mutated into an external organ, an essential (overabusing this word again). The bag, available in all shapes, names and functions, is the ideal container to carry all the productivity essentials and more.

Exposed to the sight of all, revealing details about its carrier, a social status identifier and occasionally a medium for artistic expression, the bag has a structure somewhat reminiscent of that of the “City”: compartments as neighbourhoods. Sections obtaining identities and functions according to their shape and contents, according to the needs of the person who organizes its content, conscientiously or not.

The idea was not mine originally but was a good one: create bags and sell them on the Internet, bags instead of garments to avoid the entanglement of size management. Trying to make a few dollars along the way, a gradual preparation to retirement that would guarantee me to remain busy for those long days to come, continue the practice of old trades I learned a long time ago, keeping skills alive.

Some experiments of which nothing remains nowadays: bags poorly crafted, too small, too big, too fragile. Trials and errors that have led me, along with the materials and equipment at my disposal, to a unique creative process totally remote from the small scale assembly line that was in vogue a few years ago in some circles of craftspeople who took advantage of the new online selling platforms. Bags that took me a long time to make, witnesses of an hesitant approach that evolved in a representation of the human being, discovered by chance in parallel with a short but very effective therapy.

This therapy presented the human mind in three layers: what we believe we are for others to see, what we know we are for sure, and the unknown portion. Simplified, even simplistic view, but the idea is not to get caught up in definitions and details and to focus on concrete actions to understand myself and assist me in building my own personal way of improvement. These three levels have very quickly found an echo in those three which were technically constitutive of all bags I created.

The Outer Shell

Visible personality exposed. The image we like to project on others. We all want to be unique and enjoyable, and despite all our efforts there are still some imperfections, flaws that exist also in the construction of my bags. I hid or amplified them in accordance with the style of the bag to keep the overall visual cohesion. Silk, satin ribbons or beads, materials that call for a sense of quality and luxury to echo a phrase I heard a long time ago, which makes a lot of sense if one thinks about it for a minute: "we have the defects of our qualities," for example a person who is good at heart can easily fall on the naive side.

The Canvas

White or blue denim, usually entirely covered by the outer shell. Strong material onto which are grafted elements of the "personality" of the bag. This layer is the glue that holds us inside: our thoughts, beliefs, convictions and conditioned actions, a form of automation upon which we rely to perform our daily routine or to get out of destabilizing moments, keeping for later, perhaps, a moment for retro-analysis or simply put them aside, a sign of refusal, denial. The canvas supports the physical tensions the bag can be subjected to in order to prevent any tearing of the envelope.

The Lining

Our inner self, where our secrets, our aspirations, and our memory of what we suffered throughout our lives reside, these muted complaints we seldom want to hear. Linings made of silk with a richness of details that only the person who owns and uses the bag can observe. The details are created first from tearing the precious fabric and then sewing it back patiently by hand: here I imitated our means of internal reconstruction to heal our wounds sustained during our lives.

The whole thing was an interesting concept but life has taken me elsewhere since. I had to get rid of a lot of my equipment and materials. However, nothing prevents me from returning to textile arts in the future. I am still on an uncertain journey.

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Threading their way between static buildings in the city, humans are busy, on the move, sustaining individually and collectively the functional life of the social system. The movement is a key ingredient, almost the food of the system: agitation of the people, exchange in business, circulation of ideas. It is not surprising to see the immense interest for cinematic image, a reflection of what makes up our lives and what makes it possible.

Video gives the impression of being able to reproduce, through motion, a large portion of the spectrum of perceptions. Objectively, only sight and hearing are directly solicited. But another element, not a sense in itself but using its characteristic as a channel, overcomes the limitations of the medium. It has the power to suggest sensations of touch, taste and smell. It opens the door to the world of emotions. Without being critical in a video, it is omnipresent. It may be evoked without a direct demonstration: language.

Language is the human element that goes beyond the world of the body and connects us to the world of the mind, consciousness and subtle perceptions. Language is four-fold: speech, listening, reading, writing; a square upon which our own development is built, with which we can construct the wildest dreams and the most vibrant hopes.

Language extends beyond words and ideas and intensely permeates shapes, colors and movements that they all in turn become language themselves, a way of communication without a word being read or spoken, a bridge to directly connect with the emotional domain, spreading beyond the barriers of the senses and reason, nourishing the intuition.

I discovered not long ago that I could write, as a writer I mean. It was suggested to me to write poetry. On paper or recited, my poetic voice seemed too weak and without substance to me, and I could not find out why. It was only when I listened to poems by others recited on stage that I realized the gap in my writing. My poetic texts are not meant to be read, more precisely they cannot exist alone. They are like an amalgam ingredient: useful for its cohesive qualities but when taken alone it remains inert and uninteresting. By chance, the idea of using these texts as a narrative in a video allowed me to find a voice, said differently an orchestrated form. One could easily blame me for adorning bad texts with images and sounds. I am at my first tries and am happy enough with the results to continue the experiment— see “Assemblages magnétiques I” (in French only) [2]:

The main ingredient is there but the recipe remains a mystery to me and may be so forever. I even think if I find how my creative process works, then I will get stuck in a success formula and repeat myself until I hit a devastating rehashed state. The search for the winning formula, once found, becomes one to lose the game.

Video allows me to include elements created with the different techniques I have practiced over the years. I found a way to give a common thread to all my explorations and hesitations. Create in order to fill the need of visual content for a video which will, in turn, become a starting point for creating related complementary components to be picked at random for future video projects: iterative work where everything becomes an excuse to feed the next steps.

I managed to find a way to trace a path, actually closer to a cartographic mode, to give meaning to my creative dissipation. I remain puzzled by the nonsense of what I create and its apparent uselessness. How something that has no meaning at all and fulfill no function can still please? I guess each observer builds his or her own sense out of it. Isn’t it then strange to be motivated by the incomprehensible and being constantly confronted with questions that have no answer?

My challenge is not to create (that’s the easy part) but to overcome fears associated with creations that do not rely on any strong background knowledge and that have no specific message to suggest.

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What if an unintended message slipped into my work? If I let go of the obvious to concentrate on the subtle, do I risk my work to be interpreted with symbols and images that could be contrary to common morale principles (which are becoming more and more restrictive these days) and be labeled against my will as a propagator of dissent? These are important questions. It has been repeatedly suggested to me to let go of criticism and comments: once my work is offered to the world, then what the world thinks or makes of it does not belong to me. But now, I find myself completely inseparable from what I created. Reviews and comments about objects that come from my own existence, consciousness, reflection, intuition, are also in my perspective about me. Unless I willingly welcome and absorb them? By necessity or weakness? Already quite unstable by nature, it may be understandable, at least partially, why thunderstorms are triggered in my mind whenever I am faced with an "attack," whether there was a negative intention or not. These storms are very destructive. Self-destruction but with a form of projection. Destroying my work. An extension of self-harm, probably. I resist but every time I succumb. I have long believed that this dangerous mechanism resulted from the fact that I could not defend my creations because I lack a solid technical and cultural foundation. I’m not quite sure anymore. I see that there is a reason, a wild side. And if what I create is only a pale reflection of what I would actually want to create? I mean by this that all these hesitations, these discrepancies, these missteps between my imagination and the pieces created are merely indicators of self-censorship. Criticism and attacks that hurt me the most could be revealing of my own inability to create "for real." Artwork I destroy is only a misrepresentation or at best something incomplete; that these would represent myself as a fraud. These are the newest issues I’m facing and thinking about. I do not know how to articulate and develop these ideas, even less do I have any answer.

The most recent criticism on Facebook have made me unstable enough that I decided to limit my presence to a minimum on social networks. This does not mean that I should stop all forms of creation, only to find another way, reach another level, if necessary I must return to traditional modes of distribution. This is what I will do in part. In part because there is the video portion of my exploratory work for which the best platform yet remains YouTube. I am not ready to offer public viewings, even in small room.

However, I will try something bold in respect with my limited means. I will publish a printed personal art diary, a few dozen copies perhaps. I do not know if I will sell or offer these for free to my "readership" (which is obviously to be constituted). The idea of returning to the permanence of a concrete object as opposed to methods of electronic distribution remains for me a source of indecision. I liked the immediacy of social networks but the price to pay as a consequence of each intervention has become too high. The actual and tangible object, however, falls quite well under the notion of creation, a work that has a more intimate connection. I will at least attempt the exercise for a first publication. If the experiment proves successful, others will follow. Life does not stop, neither is the impulse to create.

M.B.


Unpublished to criticalsecret from © 2014 Michel Belisle

p. 4 |

En français | Into English


P.S.

* Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article. / * If the content of the tweet is too long (the number of characters in excess is indicated by a negative value), please shorten it and make sure you do not crop the link.


Footnotes

[1] Pour voir la vidéo en grand écran suivez ce lien : http://youtu.be/SWLDA02i56k.

[2] See the full screen video: http://youtu.be/SWLDA02i56k.

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