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Tripoli International Film Festival Lebanon 2013 November 9-19 Souveraineté culturelle

mardi 5 novembre 2013, par Jocelyne Saab (filmmaker statement, images credit), Aliette G. Certhoux

Contents / Table des matières :L’éditorial de Criticalsecret ↓1ere action : le festival : programme + note de Jocelyne Saab ↓2e action : Concours International Oscar Niemeyer ↓3e action : Sauvegarde des films de Jocelyne Saab ↓ —


L’Éditorial de Criticalsecret

 « Les interactions de ce monde je ne les connais pas je ne sais que les décrire les observer j’ai la capacité de sentir sous la plume crisser la chaleur ou la circulation invraisemblable imposée stupéfiante et quelquefois mortelle. Je reconnais dans des écrits passés la disparition de ce que vu, aimé, où j’ai appris à vivre, et cette insulte au peuple dont je suis me radicalise dans des positions forcément nettes. »
Christophe Huysman, Les chemins de Damas
 “A movement is a displacement of a point of view. The persistence of singularities is most obvious in the sensory overload. Fugue states are places where layers of recursion persist. In the most desolate locale, or in the dense visual fields of paintings hung side by side.....in these extremes, at least, the fugue state arises.”
Christina McPhee, Fugue State
 “Of course, for the Americans, the telling conceptual design piece at the moment is the 3D printable gun. But for us, maybe a 3D printed Guy Debord asks more pertinent questions, about where free culture is not in the twenty-first century. I got some negative commentary from the pro-situ crowd—they still exist. Debord is a bit sacred to them. I have to admit, when somebody suggested turning the design into a candy dispenser even I thought some boundary was being crossed.”
McKenzie Wark, Millennium Candies
 « Vers d’autres trajectoires inachevées, vestiges d’autres temps superposés, always out of joint, déconnectés dans l’immensité d’un parcours qui recommence, nouvelles lignes de fuite après quelques impasses sinueuses et indociles, tracés aux allures de gravures ou d’esquisses insolites. »


Du jeudi 14 au mardi 19 novembre 2013, au Liban, aura lieu le premier opus de l’événement Tripoli International Film Festival, pensé, imaginé, et dirigé par la cinéaste et artiste Jocelyne Saab à laquelle il a été confié par l’association qui l’organise et qu’elle a co-fondée sous le terme Résistance culturelle. Entourée d’une équipe libanaise de jeunes artistes, communicants, et techniciens, formidables, dédiés à la résistance culturelle face à la résistance armée qui gronde à tous les carrefours du Proche Orient, ici elle montre que si le cinéma de création et le cinéma critiques résistent, au sens le plus large, c’est par un régime spécifique de l’image.

« Sans même parler des caméras de surveillance (banques iconographiques de choix pour cinéastes expérimentaux), les images sont désormais massivement produites et diffusées hors des circuits commerciaux, par nécessité ou par choix. La disponibilité des outils audiovisuels domestiques se conjugue avec l’extrême concentration des médias, redoutable facteur de paupérisation du discours politique professionnel, pour provoquer une ruée vers ce qui reste d’espace public encore libre et accessible : internet, radios et télévisions locales, festivals, salles de cinéma indépendantes (…). La différence majeure et qualitative entre ces images et celles du commerce, c’est qu’elles ne viendront pas à vous, il faut aller les chercher soi-même, et rien ne s’avère plus édifiant qu’une telle quête. »

Nicole Brenez, « Cinéma activiste », Cahiers du cinéma, juillet-août 2007. [1] Extrait cité par Pascale Cassagnau : Un pays supplémentaire La création contemporaine dans l’architecture des médias.

C’est pourquoi seuls des événements majeurs peuvent l’informer au-delà des cercles qui cherchent à le voir.


Jocelyne Saab a choisi principalement (mais pas seulement) le cinéma émergent du Proche Orient, de l’Asie, de l’Asie de l’est, et de l’Inde.

Olivier Hadouchi, dans ses Carnets dédiés de Criticalsecret, aux mois de mars et d’avril cette année, nous a instruits à travers le plaisir de le publier, et honorés de plusieurs de ses grands entretiens avec des cinéastes singuliers de la résistance. Résistants d’abord dans leur propre capacité de vivre au milieu du chaos ou d’en réchapper, par leur œuvre même ils symbolisent la « résistance culturelle », — nom magique de l’association qui organise ce festival, cet aphorisme en deux mots qui dit tout de son objet, c’est-à-dire rien de ce qu’il en est attendu au delà du moyen qu’il procure : donc c’est un leurre. Mais ce n’est pas un mensonge, tout au contraire la chose nommée est si parfaite et d’abord imprévisible sous son nom qu’on ne peut lui attribuer de représentation spécifique, pour qu’elle ait une chance d’exister à sa guise, rose absente de tout bouquet — le temps réel de la vie, pas l’utopie. On pourrait penser à tort la résistance culturelle conjointe de la résistance armée, parce qu’il a pu lui arriver de l’accompagner. Du moins faire un bout de chemin avec elle puis la quitter sans trahir les amis. En fait, la résistance culturelle mène son petit chemin elle-même. C’est la leçon de Mario Handler, c’est la leçon de Jocelyne Saab, les deux stars/non stars des entretiens que Olivier Hadouchi nous a offerts à découvrir.

La résistance culturelle ce n’est pas l’arme de propagande ni hurler les mots d’ordre. Pourtant, le nom d’entreprendre, « Résistance Culturelle », paraît en être un. L’indescriptible, incroyable, vie en mouvement qui pense, et comment se cooptant entre plusieurs elle devient pensée de toutes les pensées en mouvement. Ce n’est pas un mot d’ordre c’est un oriflamme, un drapeau de ralliement empathique. En quoi les graphistes qui entourent Jocelyne Saab communiquent une sensibilité visuelle particulièrement significative de son projet ouvert au multiple. Une certitude internationale : seule la résistance culturelle, parce qu’elle est une réponse pacifique quand la culture est attaquée de toutes parts par les armes et par les sociétés telles qu’elles sont devenues, partout dans le monde, peut vaincre, parce que son lieu n’est pas celui du pouvoir mais de l’existence, celui de la sérendipité, l’aléatoire contre la fatalité.

En réalité, cet aphorisme surgit en puissance d’autant plus grande que la guerre fasse la preuve de mener à une impasse, en plus des destructions humaines, sociales, et matérielles épouvantables qu’elle provoque, ne pouvant plus continuer que jusqu’à la consommation totale de son propre armement et des destructions possibles. C’est le cas actuel de la guerre en Syrie et des tentatives de l’exporter dans une des villes déchirées par l’ancienne guerre libanaise, la guerre davantage pour pouvoir se poursuivre plutôt que s’étendre. La mécanique de la guerre actuelle est simple : si la guerre ne peut plus se développer en Syrie alors il faut l’exporter pour la continuer, où tout n’est pas encore radicalement détruit.

À l’inverse de la guerre dialectique, façon de poursuivre la politique par d’autres moyens, ce qui n’est plus le cas des guerres contemporaines, la résistance culturelle demeure quand toute autre résistance, armée inclus, a été rendue impossible par les circonstances : répression totale, dernier adversaire tombé sur le champ de bataille, catastrophe naturelle ou accidentelle... Alors on ne va pas chercher la culture parce qu’elle se révèle d’elle-même, résurgence ultime, à vouloir vivre humain elle s’impose en contexte, — quand la vie émerge de son combat avec la mort, et ce n’est pas toujours s’agir d’une guerre.

Elle surgit à la conscience sous la forme d’un désir d’inventer un langage qui parle de nouvelles choses, non comme une mémoire de ce qu’il faudrait reconstruire, mais comme une chose nouvelle d’innover à produire autrement chaque instant, quand la mémoire est traumatisme. Ainsi la résistance culturelle permet-elle à la mémoire de retrouver son calme pour produire la paix et les règles de la paix (leçons tirées du choc de la destruction des pactes sociaux, de la guerre, ou des contextes circonstanciés du triomphe politique du pire ou du meilleur pour tous).

La résistance culturelle c’est décider de déserter la répétition automatique du choc, soudain avoir une lueur, pouvoir réfléchir à ce qui s’est passé juste avant et juste après le choc. Non se replier sur la tradition mais chercher l’existence dans l’ouverture, métamorphoser ce qui reste dans ce qui nous arrive plus loin, ce qui nous parvient de loin pour nous faire penser, aimer encore et innover encore de danser, — danser contre la guerre — plus bruyamment que le bruit de la guerre [2], et d’être les plus nombreux possibles à danser contre la guerre — le public des salles quand il ressent ensemble le cinéma, ou quand il va au-devant de la culture dans laquelle il se reconnaîtra peut-être, ou la mettant lui-même en ouvrage comme un appel vers autrui (le cinéma n’est-il pas la vision pour autrui, et par là substituée, d’une certaine façon par la vision d’autrui ?)

Le cinéma comme forme de combat, media des témoignages, réflexion sur des sujets fictifs de situations qui ne pourraient être acceptées autrement, et comme lumière sensible du temps, est une arme pacifique extrêmement puissante quand elle cherche la vie parmi la mort ou ce qui sourit parmi un monde hostile, plutôt que prouver quelque chose. Et le cinéma de Jocelyne Saab paraît toujours à l’affut de la vie sensible dans le jour même par rapport à la mémoire du jour précédent, avec la vision du ciel incertain des lendemains annoncés pour ne pas chanter mais sur le chemin desquels chaque instant pourra chanter pourtant. Parce que la vie déroule autrement les choses qu’elles n’ont été annoncées. Ainsi se crée le renouvellement des possibilités de la vie ensemble où les prévisions et les volontés délibérées ne l’attendaient pas... Certains appellent cela des miracles.

C’est une femme visionnaire.

Nous l’avons découverte dans sa passion, son énergie, sa beauté faite de grâce et d’élégance, artiste contemporaine et cinéaste documentariste et de fiction, pendant que le public parisien dont nous étions pouvait voir son œuvre filmique à la Cinémathèque française, grâce à un hommage organisé par Nicole Brenez [3] — qui sera Présidente du festival, avec Wassyla Tamzali [4] co-Présidente, à Beyrouth.

Aujourd’hui, exprimant que le Liban culturellement doive résister à travers le monde qu’il convoque, dans le titre même du festival, l’association Résistance culturelle cite Tripoli, la ville libanaise trois fois millénaire, rappelle une information préalable de la Directrice artistique. Ville pourtant menacée de façon persistante par l’imminence d’une guerre, à cause de sa situation et de son habitat stratégiques. C’est une ville doublement symbolique de la résistance car un immense pôle urbain postmoderne entrepris par l’architecte brésilien Niemeyer en 1965 y resta inachevé [5], la construction s’interrompant dans l’emportement des armes en 1975... Les ruines de l’architecture moderne inachevée et laissée inhabitée sont des ruines autrement — pouvant revivre un jour, plutôt que d’autres endommagées par le feu des armes ayant fait tant de morts sous les décombres qu’elles sont devenues des sanctuaires, tel, pour ne pas citer un exemple au Liban, mais sans doute un des pires de la seconde guerre mondiale en Europe, la plupart des quartiers de la ville de Rotterdam détruits par le bombardement des nazis en quête de punir le gouvernement néerlandais de n’avoir pas capitulé, en abattant son port, le premier port du commerce mondial en Europe, le 14 mai 1940, ne fut pas reconstruite avant les années 1990.

C’est un comble de dire à une autre échelle que le bâtiment qui héberge depuis 2005 la Cinémathèque française où nous avons rencontré pour la première fois Jocelyne Saab, au début de l’année, à Paris, avait lui-même connu un état d’inachèvement, commande à l’architecte international Frank Gehry d’un nouveau bâtiment pour l’American Center, maître d’ouvrage qui soudain avait refusé d’en achever la construction et de s’y installer, le trouvant inhabitable, en 1993. Ce furent l’État et la ville qui finalement achetèrent ce bâtiment en suspens devenu, par l’audace de sa structure, sa situation dans un parc, sa signature et son statut inhabité, une sorte de monument ou plutôt de folie énigmatique, pour le confier à Dominique Brard afin de le réaménager, à vocation de la Cinémathèque. Ainsi l’œuvre de Gehry [6] dans le nouveau quartier de Bercy trouva-t-elle dans sa nouvelle fonction la beauté citoyenne d’une intégration sociale imprévue.

Irons-nous à Tripoli ?

Tout aura lieu. Extramuros si nécessaire.

Construire, détruire, construire, penser le monde à travers l’art filmique qui le transforme pour pouvoir le montrer, c’est aussi le défi féministe de Jocelyne Saab dans un Liban qui refuse l’éternité fatale de la guerre et résiste par la personnalité de quelques femmes à l’entropie de la misogynie communautariste.

On pense à la fluidité des genres et des espèces perméables des dieux et des déesses antiques qui poursuivent d’inspirer les mouvements de ceux et celles autour desquels nous aimons nous rassembler au-delà des représentations, parce que leur plasticité professionnelle ou relationnelle les rend opportuns où qu’ils soient sans trahir leur conscience.

Non seulement penser son propre cinéma mais penser son cinéma parmi le cinéma des autres cinéastes et les rassembler pour leur gloire, avec le même courage héroïque, et la même grâce poétique dans l’art de convoquer les talents par le sien propre. Cette magie du cinéma, est à la fois séduction et ancrée dans un pragmatisme que seuls les cinéastes qui se sont confrontés au grand reportage, ou à des tournages de films de fiction dans des pays aussi déchirés que ceux où Jocelyne Saab a tourné ou réalisé, ou encore des cinéastes que de trop grandes ambitions ont précipité vers leur propre destruction mais qu purent en réchapper pour poursuivre de filmer ce qu’ils avaient dans la tête, aussi bien que les cinéastes martyrisés soudain revenus pour voir et montrer sous un autre éclairage parfois le bonheur parfois la misère, après les bombes, entre deux dictatures, sous l’œil du vautour ou du Grand Frère, oubliés des bureaucraties écrasantes, dépourvus de l’argent de l’échange, au-delà des souffrances ou des déceptions.

Sous les chemtrails partout c’est la guerre.

L’ironie critique du cinéma est antho-ontologique : ce n’est pas tant de crier des mots d’ordre de la résistance que d’en signer le geste, non pour soi mais pour prouver aux autres que le fait est bien là, qu’il existe et que d’autres signes pourront exister, c’est un encouragement : un don. Manifester l’existence du monde comme une dynamique singulière, tandis que des pouvoirs s’acharnent à le faire disparaître, c’est tout au contraire, et par nature, le révéler. C’est donc l’empêcher de disparaître, c’est-à-dire à les gêner, à les empêcher en quelque sorte sans le vouloir dans leurs desseins. Un événement de la résistance culturelle c’est un rassemblement. Un rassemblement du cinéma dans le cadre de la résistance culturelle, c’est quand il se trouve, se choisit, se coopte, en assumant sa discipline sans corporatisme. La résistance culturelle, c’est quand le cinéma s’échappe à lui-même, quand il devient plus fort que lui. C’est la souveraineté culturelle, l’ombre d’Athena.

A. G. C.

Olivier Hadouchi, Jocelyne Saab, traduits par Christina McPhee :
#OlivierHadouchi Conversations avec la cinéaste Jocelyne Saab / Several conversations with filmmaker Jocelyn Saab.


First action : The Tripoli International Film Festival


PDF - 1.9 Mo
PROGRAMME
cinématographique
et des événements
du Festival International
du Film de Tripoli Liban
Tripoli - Beyrouth
9-19 novembre 2013


Pour télécharger les programmes sans quitter cette page pointer sur une icône et faire un clic droit sur la souris afin de voir apparaître le menu dans lequel vous pourrez commander « téléchargez le fichier lié ».

On remarquera que le festival cinématographique proprement dit se déroulant du 14 au 19 novembre s’étend en amont au 9 et au 10 pour des événements au salon du livre de Beyrouth et pour des événements universitaires les jours suivants jusqu’à l’ouverture.

Interview de la Directrice artistique
à propos des films programmés (suivre le lien).


Il est possible d’accéder à la page Facebook de l’événement en suivant les boutons du menu
dans cette intégration du Teaser.


- Tout le matériel graphique mis en partage dans le facebook public de l’événement reproduit ici est téléchargeable à sa source, pour permettre de communiquer le festival avec ses liens dans les blogs et sites de ceux qui veulent le partager.

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Director’s Intention

Notes d’intention à la Presse de la Directrice artistique et Déléguée générale du Festival sur la sélection de films


Ce n’est pas la première fois que Jocelyne Saab organise un grand événement. Elle avait créé Mille et une image en 1993, programme qui a recensé plus de quatre cent films et qui représente la reconstitution de la cinémathèque libanaise. C’était un travail sur la mémoire, dont sa sensibilité d’artiste avait mesuré l’urgence alors que la guerre venait à peine de s’arrêter. Elle fut décorée de l’Ordre des Chevaliers des Arts et des Lettres pour ce travail monumental, réalisé à l’occasion du film qu’elle montait à l’époque, Il était une fois Beyrouth, qui en garde désormais la trace.
Cette fois, elle se propose curatrice d’un festival, organisé par l’association Résistance Culturelle dont elle fait partie. Par le biais d’autres drames et de l’histoire des femmes d’autres sociétés, elle incite par le cinéma à faire réfléchir sur le besoin de se repenser dans un pays qui a absolument besoin de retrouver une souveraineté culturelle pour ne pas sombrer dans le chaos.

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Le festival s’ouvre avec la présence exceptionnelle de l’écrivain et cinéaste Atiq Rahimi, qui vient présenter son film Syngue Sabour, Pierre de Patience. Son arrivée est rendue possible grâce au partenariat de l’Institut Français, qui l’invite à l’occasion du Salon du Livre francophone qui se tient juste avant le festival de Résistance Culturelle. La participation d’Atiq Rahimi, qui arrivera d’un festival de cinéma autour des Droits de l’homme qui se tient à Kaboul et à qui il semblait très important d’être ici avec nous, entre Beyrouth et Tripoli, est un événement immanquable. Le film en compétition est une adaptation de son propre livre, un texte magnifique sur les sentiments qu’éprouve une femme afghane qui découvre enfin le plaisir d’être écoutée. En pleine guerre chez les talibans, cette femme découvre où se trouve l’égalité : dans la parole. On ouvre ainsi le festival en force avec les femmes et leur place dans la société, problématique qui est poursuivie dans la section parallèle La Ville au féminin et à travers de nombreux autres films de la sélection.
Le festival Résistance Culturelle met en effet l’accent sur les femmes. En témoigne son ouverture avec le film d’Atiq Rahimi, Syngue Sabour, qui questionne la situation des femmes en Afghanistan. L’auteur et réalisateur sera présent chez Antoine dès le 8 novembre à l’occasion du salon du Livre francophone pour signer son livre dont est issu ce film (prix Goncourt 2008), puis le 14 novembre pour l’ouverture du festival au cinéma CityComplex/circuit Planète de Tripoli puis au Metropolis/Empire de Beyrouth.
Deux chefs d’œuvre, l’un malaisien, l’autre philippin, tirés de deux romans de Conrad lancent à sa suite le thème « Les Brûlures de l’Histoire », l’une des deux sections parallèles développées face aux compétitions officielles. La seconde section s’articule autour du thème « La Ville au Féminin » et propose une dizaine de films réalisés par des femmes qui questionnent l’espace de la ville.
Le festival propose en effet beaucoup de films de femme. L’indienne Kim Longinotto présente par exemple pour sa part un film bouleversant en compétition documentaire, Salma. Toujours en Asie, le joli dernier film de l’indonésienne Kamila Andini, The Mirror never Lies, permet de découvrir la fille de Garin Nugroho, qui semble aussi talentueuse que ce dernier. On accueille aussi la française Clarisse Hahn avec Kurdish Lovers (compétition documentaire), la Thaïlandaise Ing Kanjanavanit avec Shakespeare must die (compétition fiction), le nouveau film de l’algérienne Djamila Sahraoui, Yema (compétition fiction). Ce dernier film, comme beaucoup dans cette sélection, appelle à une grande réflexion sur nous-mêmes, libanais, sur notre cher pays : à travers la terrible histoire de l’Algérie, la cinéaste réalise avec minimalisme un film très proche de ce que nous vivons.
On ne manque pas non plus de faire honneur aux femmes cinéastes du pays : Simone Fattal, femme peintre et éditrice de livres féminins et sur les femmes – notamment les ouvrages d’Etel Adnan – nous propose par exemple un étonnant Autoportrait d’une jeune femme en 1973 (compétition documentaire), tourné il y a quarante ans, et monté récemment. Témoignage important sur la vie d’une jeune femme au Liban dans les années 1970, le résultat est néanmoins surprenant de modernité. Juste retour des choses après une brillante carrière internationale, nous avons également l’honneur de projeter pour la première fois au Liban le film de Susan Youssef, Habibi Rassak Kharban (compétition fiction), qui revient aujourd’hui filmer, pour la faire témoigner, sa grand-mère presque centenaire, originaire de Zahlé. Très poignant et incroyablement marquant, le film de Carol Mansour Not Who We Are (« La Ville au féminin ») sera à nouveau projeté pour ceux qui voudraient le revoir ou qui l’auraient manqué, après sa première diffusion le mois dernier. Enfin, la tripolitaine Rania Attieh nous offre sa vision pleine d’humour d’un quotidien à Tripoli avec Ok, enough, goodbye, qu’elle coréalise avec l’américain Daniel Garcia (« La Ville au féminin »), pour le plaisir des gens du pays et des étrangers, qui peuvent ainsi découvrir tout en finesse l’atmosphère de la ville.
Du côté de l’Irak, Parine Jaddo part avec nous à la recherche d’une chanson traditionnelle que sa mère lui chantait lorsqu’elle était enfant ; son film Broken Record (compétition documentaire) nous montre par-là les désastres de la guerre, qui détruit jusqu’aux mélodies les plus douces. De l’Allemagne au Caire, la belge Layla al Bayaty nous transporte elle aussi dans un long voyage musical, qui évoque l’exil et la richesse du voyage dans Berlin Telegram (« La Ville au Féminin »).
C’est un fait indiscutable : les femmes sont venues nombreuses au rendez-vous pour soutenir la Résistance Culturelle.
Elles ne sont toutefois pas seules dans cette lutte : le Festival a également la chance de pouvoir présenter l’avant-première exceptionnelle d’un documentaire japonais remarquable, très beau et très émouvant, Fukushima Horse Parade. Avec ce film, le cinéaste Matsubayashi Yojyu rend possible un débat longtemps écarté dans notre région : celui de la question du nucléaire et des risques qu’il comporte. Une table ronde lui sera consacrée avec des spécialistes dans une université partenaire.
La Tunisie est également présente, avec la projection d’un documentaire expérimental d’avant-garde, Babylon, réalisé par un collectif de jeunes auteurs-réalisateurs : Youssef Chebbi, Ismaël et Ala Edine Slim. Pour Singapour, Kan Lume nous propose avec Liberta un émouvant voyage initiatique en Australie. Aux côtés de cette nouvelle génération de réalisateurs se manifestent des grands noms des cinémas d’Asie et de Méditerranée : le coréen O Muel, avec Jiseul, le turc Emin Alper qui interviendra sur son film Beyond the hill, qui a remporté en 2012 le prix Caligari à la Berlinale, et le prix du meilleur film au festival International du Film d’Istanbul et au prestigieux Asian Pacific Award. D’autres réalisateurs seront présent : Atiq Rahimi, qui présentera en plus de Syngue Sabour son précédent film, Terre et cendres à l’université libanaise de Tripoli ; Mohamad Malas, qui présentera Les Rêves de la ville sur l’histoire de Kuneitra en projection à l’IESAV à Beyrouth ; Carol Mansour, Parine Jaddo, Carol Mansour, Susan Youssef et Clarisse Hahn interviendront, elles aussi, à Beyrouth et à Tripoli à l’occasion de la projection de leurs films.
La présence des femmes ne se limite pas à ce que l’on projette sur l’écran. Trois des quatre jurys sont présidés par des femmes ; Nicole Brenez (France), professeur en Etudes cinématographiques à l’université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, spécialiste de Godard et auteure d’un ouvrage remarquable sur le cinéaste, programmatrice à la Cinémathèque Française, membre de l’institut universitaire de France et officier de la légion d’honneur préside la Compétition Fiction du festival. Wassyla Tamzali (Algérie-Espagne-France), écrivaine et militante féministe algérienne, ancienne avocate à la Cour d’Alger, ex-membre des instances dirigeantes du FFS est présente à Beyrouth pour signer au Salon du Livre Francophone son autobiographie Une éducation algérienne. Elle a lancé récemment un appel pour défendre les droits des femmes arabes. Elle préside la Compétition Documentaire et interviendra dans plusieurs tables rondes organisées par le festival sur la question du droit des femmes. Anne-Demy Geroe (Australie), fondatrice du festival de Brisbane Australie, fondatrice et directrice de tous les festivals de cinéma iranien en Australie et grande spécialiste du cinéma iranien préside le jury NETPAC.
Il est important de souligner que l’association Résistance Culturelle permet pour la première fois, grâce au Festival International du Film de Tripoli, l’introduction du NETPAC au Liban, en présence de sa fondatrice Aruna Vasudev, invitée d’honneur aux côtés de la marraine du festival Martine Thérouane, fondatrice du festival de film d’Asie de Vesoul qui fête ses vingt ans cette année. Elle nous arrive accompagnée de Pascal Truchet, professeur de français au lycée technique de Vesoul, qui est intervenu l’an dernier auprès de ses élèves, à l’occasion du festival, sur les films de Jocelyne Saab, qu’il a étudié et analysés. Le travail entrepris avec les lycéens ayant porté leurs fruits, il se propose de réitérer l’expérience ici au Liban, en s’adressant aux élèves des lycées français de Beyrouth et de Tripoli pour les sensibiliser à l’étude du cinéma avec L’image manquante de Rithy Panh, de Hanyut de U-Wei Bin Saari et de Dunia de Jocelyne Saab.
Le Festival International du Film de Tripoli doit remercier la collaboration des universités, qui présentent les sections parallèles « Les Brûlures de l’Histoire » et « La Ville au Féminin », et accueillent, à l’occasion de séminaires ou de tables rondes autour de questions de société et de cinéma, des réalisateurs et des spécialistes qui permet un éclatement de ces activités de résistance dans un maximum d’institutions dédiées à la Culture.


La Directrice Générale et Commissaire du Festival
Jocelyne Saab

Citation intégrale extraite du blog du festival http://culturalresistance.org/directors-intention/

© 2013 CULTURAL RESISTANCE 


Second action :
Oscar Niemeyer International Competition


Deuxième action : Concours International Oscar Niemeyer

Le Liban compte deux monuments inachevés : Baalbek, qui remonte à l’époque romaine, et la Cité Niemeyer construite par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer dans les années 70, qui fut interrompue par la guerre civile libanaise.

Une compétition internationale de films sera lancée sur la base du complexe architectural construit par Niemeyer et qui porte toujours le nom de « Parc d’expositions de Tripoli Rachid Karami » [7]...

Le concours sera annoncé lors de la cérémonie d’ouverture du Festival, et sur ​​internet. Il offrira à chaque candidat la possibilité de faire un film qui devrait capturer l’esprit de la ville construite à Tripoli dans le contexte de l’architecture mondiale par Oscar Niemeyer. La durée de chaque film peut être d’une minute à une heure et vingt minutes. Le format est ouvert : documentaire, fiction, animation, création photographique, vidéo-art , installation, etc...

Les films gagnants seront présentés sur internet et projetés dans les lieux-mêmes de la ville de Niemeyer à Tripoli, au cours de la deuxième édition du Festival International du Film de Tripoli [ en 2014 ].


Read it in English : http://culturalresistance.org/oscar-niemeyer-international-competition/.

Voir quelques images de la Cité Niemeyer qui accompagnent un article à lire (en anglais) « The Rashid Karami International Fair by Oscar Niemeyer », dans le site the velvet rocket (Mai 2011). [ éventuellement la traduction sera faite ultérieurement ] 
[ Mise à jour du 17 novembre 2013 ] [8]




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Tripoli International Film Festival / 2013 November 14-19
LE POSTER


Third action : Preservation and diffusion of Jocelyne Saab’s films


Sauvegarde et diffusion des films de Jocelyne Saab

L’association Résistance Culturelle souhaite œuvrer pour la sauvegarde et la diffusion des films de Jocelyne Saab.

Nicole Brenez, Sauvegarde et diffusion de l’œuvre de Jocelyne Saab

Un accès à la diffusion en marche : Criticalsecret

#OlivierHadouchi Une rétrospective Jocelyne Saab à Paris (Cinémathèque française, non exhaustif de l’œuvre).

#OlivierHadouchi Conversations avec la cinéaste Jocelyne Saab (bilingue français anglais - in French and French into English). 


* Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article. / * If the content of the tweet is too long (the number of characters in excess is indicated by a negative value), please shorten it and make sure you do not crop the link.


Voir en ligne : LE BLOG DU FESTIVAL (DÉROULER LES MENUS)

P.-S.


Voir une autre version adaptée de cet article dans La Revue des Ressources : Novembre 9-19 2013 Festival international du film Tripoli Liban et Résistance culturelle .

Notes

[1] Merci à Olivier Hadouchi auquel nous devons cette citation de Nicole Brenez.

[2] Ndlr : Jean-Paul Dollé évocant André Breton à propos du surréalisme et la danse, lors de la présentation publique du livre de Lorrina Barrientos, La danse dans le monde, (Belles Lettres, 1999). http://www.lorrina-barrientos.com/. Nous citons souvent cette assertion de Jean-Paul Dollé qui par là donnait une formidable idée de la violence frénétique des actes surréalistes entre les deux guerres mondiales, idée de la résistance par la subversion poétique de la société conformiste, afin de contrer sa course vers sa nouvelle catastrophe. La pensée de André Breton contre les armes s’était édifiée de son expérience, comme jeune médecin neuro-pyschiatre de l’armée, sur le Front de la guerre de 14-18 qui lui avait fait connaître l’horreur massive des grands blessés et des traumatisés.

[3] Intellectuelle française internationalement connue dans son domaine, — l’esthétique et l’histoire du cinéma, — normalienne, agrégée en Lettres modernes, auteur de la thèse Autour du Mépris. Deux problèmes cinématographiques rapportés à l’invention figurative et solutions filmiques, sous la direction de Hubert Damisch (EHESS, 1989), puis de l’habilitation Cinéma et théorie immanente (2004), à la source d’une théorie figurale des films actuellement reprise ou adaptée par d’autres théoriciens du cinéma, notamment des spécialistes universitaires et des commissaires d’exposition, elle a écrit de nombreux articles, dans des revues spécialisées ou générales, de nombreuses préfaces, et publié de nombreux ouvrages personnels ou collectifs en France et à l’Étranger. Professeur titulaire à l’université Sorbonne nouvelle Paris III (après avoir enseigné au Canada), membre de l’Institut Universitaire de France, programmatrice thématique à la Cinémathèque française, selon ses concepts de recherche proposés à l’expérience du public, programmatrice d’émissions télévisées (en particulier pour arte), et programmatrice de cycles filmiques et d’auteurs dans plusieurs villes du monde, Nicole Brenez s’est spécialisée dans une conception de la critique émergente des œuvres, en particulier des cinéastes de rupture et des cinéastes avant-gardistes, qui l’a conduite à recevoir plusieurs récompenses, seule ou en partage — en particulier le Year 2000 Film Preservation de l’Anthology Film Archives, à New York, pour la programmation avec Christian Lebrat des 84 films du cycle Jeune, Dure et Pure ! Une histoire du cinéma d’avant-garde et expérimental en France (suivre le lien), du 3 mai au 2 juillet 2000, à la cinémathèque française. On peut se reporter à l’article éponyme qui lui est dédié dans fr.wikipedia, où la liste de ses actes paraît sinon exhaustive du moins assez complète et impressionnante.

[4] Féministe algérienne, juriste, membre du bureau politique du FFS, parti socialiste de Kabylie (gauche laïque), avocate au barreau d’Alger, puis représentante éminente à l’UNESCO, Wassyla Tamzali a écrit plusieurs livres défendant les causes de la femme et sur la formation sociale dans l’Algérie de la révolution aux années noires, dont plusieurs aux éditions Gallimard (fr.wikipedia).

[5] On peut voir quelques aspects des réalisations tripolitaines inachevées de Oscar Niemeyer dans le site de la revue d’architecture Domus, à l’article An Experience of Ruin : Niemeyer’s Tripoli Fairgrounds : « A survey of the Brazilian architect’s extensive International Fairgrounds of Tripoli, whose construction was interrupted by the Lebanese civil war in 1975 and never completed. ».

[6] Voir l’article Le 51, rue de Bercy, dans le site de la Cinémathèque française.

[7] Rachid Karame (Rashid Karami — dans l’interprétation anglophone), est un homme d’État libanais internationalement renommé, né dans la région de Tripoli et en tant que Premier ministre du Président Fouad Chehab, qui commanda le projet Niemeyer pour Tripoli, il fut sans doute actif dans ce développement. Figure glorieuse de la gauche radicale sunnite libanaise, partisan du panarabisme social et laïque du Président Nasser, il fut plusieurs fois Ministre des affaires étrangères, et huit fois Premier Ministre entre les 19 septembre 1955 et le premier juin 1987 — jour de son assassinat par une bombe placée dans l’hélicoptère officiel qui le ramenait de Tripoli vers Beyrouth, où une douzaine d’autres voyageurs, membres de son staff et membres d’équipage, furent blessés mais en réchappèrent (en.wikipedia).

[8] Dans les vidéo-reportages de l’Orient le jour, la jeune architecte qui présente la visite attribue une détérioration des lieux, aujourd’hui nommés Foire Internationale Rachid Karamé, à leur occupation par l’armée syrienne, déclaration dûment édifiée par des graffitis (de toute évidence récents). Or la rencontre, dans le cadre de la première édition du Festival international du film, avec l’ingénieur et architecte responsable de la maîtrise d’œuvre qui travailla avec Oscar Niemeyer, et auquel le chantier fut confié dans ses dernières années ouvrables, infirme cette déclaration dans les termes suivants : à la question posée sur la différence de l’état des constructions au sortir de la guerre, par rapport à leur état lorsque le chantier fut déserté en 1975, il répond que sauf les détériorations dues au temps écoulé c’était à peu près le même, car aucun bâtiment n’avait été clos ni équipé avant la guerre. Enfin, sur la clôture récente du pavillon des expositions et du pavillon d’accueil, il a fait remarquer que les vitrages entre les piliers escamotent le projet de Niemeyer, qui tout au contraire avait conçu un détachement des piliers par rapport aux façades vitrées, prévues pour se trouver à l’intérieur (comme c’est le cas à Brasilia).

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