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Jocelyne SAAB Séance exceptionnelle à Paris 13.2.017

samedi 11 février 2017, par Olivier Hadouchi

Jocelyne Saab : Parcours d’une cinéaste dans la tourmente

Une séance proposée et animée par Olivier Hadouchi
à Paris le lundi 13 février 2017
A partir de 19 heures
La Colonie, 128 rue Lafayette, 75010 Paris
Métro Poissonnière (ligne 7)
Entrée libre

Un programme qui rassemble des films rares et précieux, ainsi qu’une vidéo récente de la cinéaste et artiste libanaise.

Depuis quelques années, on redécouvre enfin le travail précurseur de Jocelyne Saab, cinéaste libanaise auteure de nombreux documentaires, tournés dès le début des années 1970, dans des zones de conflits et de bouleversements du Proche Orient (Liban, Égypte, Iran, Maghreb, etc.), également auteure de films de fictions (La vie suspendue, Dunia, What’s goin’ on), et d’un autre long-métrage, Histoire d’une Ville, qui remet en perspective de manière pertinente la façon dont la ville de Beyrouth a été montrée, incarnée et réinventée au cinéma, au point de devenir une sorte de cité mythique et enchanteresse, qui n’a d’autre choix que se réinventer sans cesse, en tentant d’échapper à quelques clichés tenaces.


PROGRAMME

Beyrouth, jamais plus (1976) 35 mn Un commentaire écrit par la grande poétesse Etel Adnan accompagne ce documentaire subtil, qui enregistre les tressaillements et l’affirmation de la vie dans une ville détruite.

Les enfants de la guerre (1976) 10 mn Sur une plage de Beyrouth, des enfants réfugiés rejouent la guerre et le massacre (celui du camp de la Quarantaine en 1976) dont ils furent les témoins impuissants.

Beyrouth ma ville (1982) 35 mn Au fil des années, ce film avec un commentaire écrit par Roger Assaf est devenu un document important sur le siège de Beyrouth lors de l’été 1982, porteur d’une réflexion magistrale sur la résistance et les images en temps de guerre.

Inédit : Un dollar par jour (2016), 6 mn 34 Une vidéo consacrée aux réfugiés syriens au Liban.

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Remerciements : Jocelyne Saab et Seloua Luste Boulbina

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A propos du parcours de Jocelyne Saab, conversation avec Olivier Hadouchi (bilingue français anglais) / On Jocelyne Saab’s life course, a conversation with Olivier Hadouchi (bilingual English-French) https://www.criticalsecret.net/olivierhadouchi-conversations-avec-la-cineaste-jocelyne-saab-several-conversations-with-filmmaker,106.html


P.-S.

Stefanie Van de Peer

Negotiating Dissidence : The Pioneering Women of Arab Documentary — release in March 2017

Cliquer sur l’icône ! Click on the icon !


Le premier livre qui retrace les pionnières du cinéma documentaire arabe.

En dépit de la censure sévère, de la morale conservatrice et du manque d’investissement, les documentaristes dans le monde arabe ont trouvé des moyens de négocier subtilement la dissidence dans leurs films, ce qui devient plus évident depuis les « révolutions arabes ». Dans ce livre, Stefanie Van de Peer retrace les débuts des femmes arabes documentaristes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), des années 1970 et 1980 en Egypte et au Liban, aux années 1990 et 2000 au Maroc et en Syrie.

Van de Peer se penche sur le travail de personnalités pionnières comme Ateyyat El Abnoudy, la « mère du documentaire égyptien », la réalisatrice tunisienne Selma Baccar, la réalisatrice palestinienne Mai Masri. Dans le contexte de la production, de la distribution et de l’exhibition des films, le livre se demande également pourquoi ces femmes ont tenu compte des idéaux d’un type de cinéma qui était peu susceptible d’être accepté par la censure, et regarde précisément comment les femmes documentaristes ont réussi à formaliser les expressions de la dissidence avec les outils à la disposition du documentariste.

Les études comprennent les cas de :

Ateyyat El Abnoudy, d’Égypte
Jocelyne Saab, du Liban
Assia Djebar, d’Algérie
Selma Baccar, de Tunisie
Mai Masri, de Palestine
Izza Génini, du Maroc
Hala Alabdallah Yakoub, de Syrie


1 Message

  • Magnifique projection Jocelyne Saab à la Colonie, hier à Paris. Merci Olivier Hadouchi. La violence de ses films sur la multiple guerre libanaise en 1976 et 1982 et la façon d’y vivre et d’y survivre au sein même des zones de combat, qui donnent toute la force de l’engagement de la reporter immergée dans la guerre sans porter elle-même les armes au temps même des prises de vue, défient toute indifférence au-delà du temps. Ces documents ressaisis et montés, avec l’alternance des plans larges — des actes des effets et des conséquences en état de fait — et des gros plans des visages qu parlent, et de détail sur les accessoires de la vie et les corps meurtris, comme seule Jocelyne sait les voir dans leur humanité tendre ou cruelle, la présence des enfants partout, sur tous les fronts de la lutte et du travail pour la vie, et les chats comme une métaphore lancinante de la persistance, sont tels, avec le bruit, (en partie synchrone en partie off en partie textes et musiques construisant des séquences en rupture de son avec les détonations les salves et les chocs, et les interviews in situ), jusqu’à l’économie de guerre qui pendant quelques mois élabora une utopie multiethnique à Beyrouth Ouest, que l’on perçoit sensiblement dans les images pendant que la voix de la cinéaste l’explique, font de ces films une trace anthropologique puissante de documents d’auteur, qui en leur temps participèrent au premier plan des rushes informant cette guerre aux Une des grands magazines d’actualité.
    Mais grâce au traitement artistique en post production, avec le montage et les contributions poétiques et littéraires — y compris de l’auteure elle-même — et la patine des images en 16 mm couleur, ces films installent une distance critique des rapprochements actuels que l’on ne peut éviter de faire, à propos des autres guerres qui ont suivi au Moyen Orient et s’y poursuivent. Ces films parce qu’ils sont à la fois une documentation incontournable et une création artistique organique émergente de la guerre et de la pensée qui s’y est forgée et évaluée, sont des chefs d’œuvres balancés comme une leçon en coup de poing contre ces guerres, dans le chaos desquelles la vacance du pouvoir parvenant parfois à installer une utopie provisoire montre le chemin de la paix. L’espoir contre la guerre.

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