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À Gaza les gens ont besoin de bien plus qu’un cessez-le feu / from Gaza : People need far more than a ceasefire

dimanche 2 décembre 2012, par Louise Desrenards (Traduction), Saree Makdisi

La menace que fait peser Gaza sur Israël ce n’est pas « simplement les roquettes », mais « l’abondance de la vie humaine elle-même », écrit Makdisi. [1]

Lors des bombardements de Gaza, Israël n’est pas allé bombarder un autre État — il a bombardé la population pour le bien-être de laquelle il est « légalement responsable en tant que seule puissance souveraine qui exerce un contrôle sur leur vie » (Reuters). [2]

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      L e bombardement a peut-être pris fin, mais la vie à Gaza est loin d’être revenue à ce que chacun de nous considèrerait comme normal. Car à Gaza l’alternance entre les bombardements et le cessez-le-feu ne marque pas la différence entre la guerre et la paix, mais plutôt l’oscillation entre une sorte de violence et une autre. [3]

La clé pour comprendre cela est de reconnaître le fait qu’Israël et la bande de Gaza ne soient pas deux États engagés dans un conflit frontalier temporaire, ou protégeant leur souveraineté ou exerçant leur droit à l’auto-défense. Gaza n’est pas un État, comme le Conseil de sécurité l’a affirmé à plusieurs reprises, c’est un territoire occupé militairement — et il reste sous contrôle israélien. Par suite, en bombardant Gaza, Israël ne bombardait pas le territoire d’un autre État. Il bombardait des gens pour le bien-être desquels il est légalement responsable comme la seule puissance souveraine qui exerce un contrôle sur leur vie — y compris toute chose de ce qui résulte de déterminer la façon dont leurs noms figurent sur les cartes d’identité et dans le registre officiel de la population, jusqu’à peser la quantité d’électricité qu’ils reçoivent, et la nourriture qu’ils sont autorisés à manger. [4]

Les bombes et les roquettes font les manchettes de l’information facile qui attirent l’attention mondiale, mais elles nous distraient de la plus lente et durable réalité beaucoup plus destructrice — à long terme, — qui broie la vie quotidienne à Gaza, et qui procède depuis tellement longtemps que les bombardements sur les individus et les cessez-le-feu n’ont à peu près aucune importance. Même quand ils ont lieu, les actes manifestes de violence tels les bombardements ou les tirs de roquettes ne sont que l’extension des conditions sous-jacentes et continues de la violence d’où ils émergent, — conditions déterminées par la nature et l’étendue du contrôle d’Israël sur Gaza. [5]

Pour avoir une idée de ce contrôle, vous devez aller jusqu’aux processus bureaucratiques silencieux et presque invisibles qui définissent au jour le jour la vie à Gaza, au-delà des dernières proclamations officielles et des unes hurlantes des journaux ou de la télévision. [6]

Par exemple, considérons le fait que des fonctionnaires israéliens il y a plusieurs années développèrent un ensemble de calculs réglés avec précision afin de déterminer exactement combien de calories quotidiennes seraient nécessaires et suffisantes pour maintenir en gros au bord de la famine 1.7 millions de personnes à Gaza : ni consommer assez pour profiter ni franchir la ligne de la famine pure et simple. Le chiffre magique auquel ils parvinrent est 2279 calories par jour et par personne. Les israéliens multiplièrent ce chiffre par le nombre total de la population, ils appliquèrent ensuite ce résultat au nombre des camions pleins en valeur de calories par jour — moins un chiffre tenant compte de la nourriture produite à Gaza — qu’il autoriseraient à entrer dans le territoire. Israël a même rédigé des listes pour préciser les types d’aliments qui seraient autorisés à entrer dans la bande de Gaza (par exemple, les pâtes n’ont pas fait partie de la liste jusqu’en 2009). [7]

Cette obsession israélienne du comptage des calories n’est qu’un aspect d’une stratégie plus large visant à « maintenir l’économie de Gaza au bord de l’effondrement sans la pousser tout à fait au-delà du bord », comme l’ambassade américaine à Tel-Aviv l’expliqua dans un câble filtré de 2008. Et la catastrophe qui en résulta se déroula exactement selon les calculs israéliens : les organisations internationales des droits de l’homme et les agences des Nations Unies à plusieurs reprises mirent en garde contre l’effet des contrôles draconiens d’Israël sur la vie dans la bande de Gaza, comme en témoigne un large éventail de cas allant de l’insécurité alimentaire rampante au retard de croissance chez les enfants et les adolescents. [8]

Vue avec l’optique à travers laquelle Israël considère la bande de Gaza (et les Palestiniens en général), la vie humaine loin de quelque chose de précieux est une force qui doit être contrôlée, canalisée, bloquée et arrêtée si nécessaire. [9]

Pourquoi ? Parce que la plupart de la population de Gaza est constituée par des réfugiés ou des descendants de réfugiés chassés en 1948 de leurs foyers dans d’autres endroits en Palestine, pour faire place à la création d’un État juif. Les politiciens israéliens de tous les horizons (ainsi que l’actuel ambassadeur d’Israël aux États-Unis, l’ayant écrit dans le magazine Commentary il n’y a pas longtemps) parlent ouvertement de la « menace démographique » que les Palestiniens font peser sur Israël. Selon cette logique politique, les Palestiniens ont dû être déplacés en 1948 [10] — et ils doivent encore être déplacés maintenant, à Gaza entre autres — parce que leur nombre modifierait la composition démographique de l’État s’ils étaient autorisés à rentrer chez eux dans leurs villes ancestrales et dans les villages de l’intérieur de ce qui est maintenant Israël. [11]

La menace que fait peser Gaza sur Israël, en d’autres termes, ce n’est pas simplement les roquettes, mais l’abondance de la vie humaine elle-même. En réduisant des gens à une « menace démographique » on les perd de vue comme des gens en premier lieu. Ils deviennent alors simplement une force vivante telle une mauvaise herbe ou un cancer (termes rhétoriques qui n’abondent pas par hasard dans le lexique politique israélien), dont la croissance a besoin d’être tenue en échec, quand elle n’est pas cautérisée ou tout simplement éliminée. Parfois, cette vérification implique des bombardements ou des coups de feu ; le plus souvent, elle implique un broyage à la base, une limitation, un étouffement. [12]

Cependant, les habitants de Gaza ne sont pas seulement une forme protoplasmique qui s’auto-reproduit. Ce sont des hommes, des femmes, et (surtout) des enfants, avec des pensées et des sentiments, des intérêts et des passions, des buts et des affections — comme le grand essayiste anglais, William Hazlitt [13] qui un jour s’était trouvé dans des circonstances analogues, — ainsi que le droit et la volonté d’être libres. Ces gens-là ont besoin de bien plus qu’un cessez-le-feu : ils ont besoin d’une juste paix. [14]

© Saree Makdisi @ Al Jazeera
Gaza : People need far more than a ceasefire
30 Nov 2012 11:23


Creative Commons License
"A Gaza les gens ont besoin de bien plus qu’un cessez-le feu" d’après "Gaza : People need far more than a ceasefire" de Saree Makdisi @ Al Jazeera et traduit en français by Louise Desrenards is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported License.
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Rappel de la résolution 181 a été votée le 29 novembre 1947 selon les termes suivants :

- « Le partage et la création des deux États (État juif, État arabe et zone de Jérusalem sous administration internationale), furent votés par 33 voix contre 13 avec 10 abstentions.

Ont voté pour : États-Unis d’Amérique, Australie, Belgique, Bolivie, Brésil, République socialiste soviétique de Biélorussie, Canada, Costa Rica, Danemark, République dominicaine, Équateur, France, Guatemala, Haïti, Islande, Libéria, Luxembourg, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Nicaragua, Norvège, Panama, Paraguay, Pérou, Philippines, République populaire de Pologne, Suède, Tchécoslovaquie, République socialiste soviétique d’Ukraine, Union Sud-Africaine, URSS, Uruguay et Venezuela.

Ont voté contre : Afghanistan, Arabie saoudite, Cuba, Égypte, Grèce, Inde, Iran, Irak, Liban, Pakistan, Syrie, Turquie, et Yémen.

Se sont abstenus : Argentine, Chili, Chine, Colombie, Salvador, Éthiopie, Honduras, Mexique, Royaume-Uni, Yougoslavie.

Un coup d’État au Siam empêcha la délégation de ce pays de prendre part au vote. » (source fr.wiipedia)


Voir en ligne : Gaza : People need far more than a ceasefire @ aljazeera

P.-S.

« [brun]Ce qu’offre cette « Déclaration d’indépendance » prévue pour le peuple palestinien, une « patrie séparée », est à la fin un « mirage », un bantoustan déguisé sous le couvert de la patrie indépendante. Bien qu’elle soit reconnue par un grand nombre de pays amis, c’est secondaire, et loin d’accorder aux Palestiniens la liberté et l’émancipation. La critique — contrairement au débat partisan ou démagogique, — nécessite un examen des distorsions citoyennes de l’histoire à travers l’offre idéologique de l’inexactitude des faits. Ce qui est requis est un regard historique digne des questions palestiniennes et juives, de ne plus plus jamais chercher à nier le droit des peuples, d’assurer la pleine égalité et d’abolir l’apartheid — plutôt que la reconnaissance d’un nouveau bantoustan 17 ans après la chute de l’apartheid en Afrique.[/brun] »

(Traduction comparée de l’arabe et de l’anglais de la réaction en arabe de Haidar Eid, professeur en littérature comparée anglophone à l’université Al Aqsa de Gaza (où il habite) — dans son Facebook, — le lendemain du vote à l’ONU.)

- Pour information (complément de l’autorisation de construire 3000 logements israéliens à Jerusalem Est annoncée le 30 novembre 2012) :
Israel halts Palestinian tax transfer (Al Jazeera, 2 décembre 2012). NdCS : Noter que c’est la France qui depuis les accords d’Oslo est chargée de la réception et de la répartition de l’argent Palestinien perçu et reversé par Israël. La France ne pourrait donc pas être exempte d’être informée et tenue pour responsable d’accompagner ces mesures sans protester.

- Le logo est extrait du site http://www.bdsfrance.org/.

Notes

[1] The threat that Gaza poses to Israel is "not simply rockets", but an "abundance of human life itself", writes Makdis.

[2] Sous-titre d’une photo des blindés israéliens accumulés aux portes de Gaza — dans l’article original de Al Jazeera : In bombing Gaza, Israel was not striking the territory of another state—it was bombing people for whose welfare it is "legally accountable as the only sovereign power that exercises control over their lives" [Reuters].

[3] The bombing may have ended, but life in Gaza is hardly back to what any of us would think is normal. For in Gaza the alternation between bombardment and ceasefire does not mark the difference between war and peace, but rather the oscillation between one kind of violence and another.

[4] The key to understanding this is recognising the fact that Gaza and Israel are not two states engaged in a temporary border dispute, or protecting their sovereignty, or exercising their right to self-defence. Gaza is not a state ; as the UN Security Council has repeatedly affirmed, it is militarily-occupied territory - and it remains under Israeli control. In bombing Gaza, then, Israel was not striking the territory of another state. It was bombing people for whose welfare it is legally accountable as the only sovereign power that exercises control over their lives - including everything from determining how their names appear on identity cards and in the official population registry, to how much electricity they receive and how much food they are allowed to eat.

[5] Bombs and rockets easily make headlines and grab global attention, but they distract us from the quieter, longer-lasting and - in the long run - far more destructive reality that grinds away at everyday life in Gaza, and has done so for so long that individual bombings and ceasefires are almost beside the point. Even when they take place, manifest acts of violence such as bombing or rocket fire are merely extensions of the underlying and continuous conditions of violence out of which they emerge - conditions determined by the nature and extent of Israel’s control over Gaza.

[6] To get a sense of that control, you have to step past official proclamations and screaming newspaper or television headlines to the silent and all but invisible bureaucratic processes that define day-to-day life in Gaza.

[7] Consider, for example, the fact that several years ago Israeli officials prepared a set of fine-tuned calculations determining exactly how many calories per day would be required to keep Gaza’s 1.7 million people hovering at the edge of starvation : neither consuming enough to prosper, nor actually crossing the line into outright famine. The magic number they came up with is 2,279 calories per person per day. The Israelis multiplied this figure by the total population and then broke the result down into the number of truckloads of calories per day - minus a number allowing for food produced in Gaza - that they would allow into the territory. Israel even drafted lists that specify particular kinds of food that are allowed into Gaza (pasta did not make the list until 2009, for example).

[8] This obsessive Israeli calorie-counting is only one aspect of a larger strategy designed to "keep the Gazan economy on the brink of collapse without quite pushing it over the edge", as the US Embassy in Tel Aviv explained in a leaked cable from 2008. And the resulting catastrophe has unfolded precisely according to Israeli calculations : international human rights organisations and United Nations agencies have repeatedly warned of the effect of Israel’s draconian controls on life in Gaza as reflected in a spectrum of measures from rampant food insecurity to the stunting of growth in children and adolescents.

[9] Seen with the optic through which Israel views Gaza (and the Palestinians in general), human life is, far from something to treasure, a force to be controlled, channelled, blocked and cut off as necessary.

[10] Il s’agit de la Naqba, grand exode des palestiniens arabes violemment expropriés de leurs biens, de leurs villes et de leurs villages, sans droit de retour, pour constituer le territoire d’Israël à la suite de l’adoption à une majorité moyenne de la résolution 181 (en dépit de l’abstention des britanniques et du refus des pays arabes et de quelques autres), en 1947, qui donna lieu dès le lendemain au commencement d’une guerre civile israelo-palestinienne suivie de la première guerre israélo-arabe avec les voisins de la Palestine, dont le sommet sera en 1967 la guerre dite des 6 jours. Les pays arabes vaincus se rassembleront autour de la résolution de Khartoum contre l’existence d’Israël, préliminaire à la guerre de l’alliance Syrie Égypte de 1973 dite la guerre du Kippour, (ou du Ramadan, ou d’octobre, selon les points de vue). L’ensemble constitue la base émergente des problèmes posés aujourd’hui contre la population palestinienne non juive, en dépit de la résolution 194 de 1948 pour faire cesser la violence et l’injustice de la Naqba, qui déclara l’obligation de réparer les spoliations et les préjudices et de restaurer le droit de retour des palestiniens, mais qui demeura inappliquée. En dépit des restitutions territoriales d’État ultérieurement entre l’Égypte, la Cisjordanie et Israël (notamment la Jordanie et l’Égypte acceptant de perdre respectivement la Cisjordanie et la Bande de de Gaza au profit des palestiniens, tandis que le Golan, syrien, restera annexé par Israël malgré les revendications de la Syrie), cependant le problème concret sur le terrain ne cessa de s’accroître y compris pendant les accalmies, convoquant des actes terroristes de résistance, des affrontements sporadiques, et des répressions extensives, notamment dus au développement des colonies sous la protection militaire dans les territoires restés habités par les palestiniens, entraînant les soulèvements des Intifadas, et les répressions corrélatives, puis les attentats suicides pendant la période de stagnation des négociations consécutives aux accords d’Oslo, alors que sur place les équipements israéliens divisant les territoires progressaient et les spoliations se poursuivaient au nom de la sécurité des nouvelles colonies (illégales). En amont des accords d’Oslo qui étaient sensés mettre terme définitif aux dernières résistances activistes nationales et internationales et aux ultimes résistances des États résistants de la résolution de Khartoum, la résolution 194 était restée inappliquée, et en aval des accords d’Oslo en dépit des simulacres de négociation de la feuille de route sensée mener à la constitution de deux États, et de l’officialisation des territoires en attente d’autonomie nationale, où les arabes furent généralement rassemblés, quoique restant sous administration israélienne, ces territoires devinrent les non droits de l’apartheid, jusqu’à nos jours.

[11] Why ? Because most of the population of Gaza is constituted by refugees or the descendants of refugees driven from their homes elsewhere in Palestine in 1948 to make room for the creation of a Jewish state. Israeli politicians from across the spectrum (as well as Israel’s current ambassador to the United States, writing in Commentary magazine not long ago) speak openly of the "demographic threat" the Palestinians pose to Israel. According to this political logic, Palestinians had to be displaced in 1948 - and they have to remain displaced now, in Gaza among other places - because their sheer number would alter the state’s demographic composition if they were allowed back home to their ancestral towns and villages inside what is now Israel.

[12] The threat that Gaza poses to Israel, in other words, is not simply rockets, but an abundance of human life itself. For to reduce a people to a "demographic threat" is to lose sight of them as people in the first place. They then become merely a living force, like a weed or a cancer (rhetorical terms that, not coincidentally, flourish in the Israeli political lexicon), whose growth needs to be kept in check, if not cauterised or eliminated altogether. Sometimes that checking involves bombing or shooting ; more often, it involves grinding down, restricting, smothering.

[13] William Hazlitt (1778-1830), est un essayiste humaniste anglo-américain né en Angleterre, notamment auteur d’une étude sur Shakespeare aujourd’hui devenue un classique, émigré avec sa famille aux États-Unis où il devint pasteur, après une errance an Angleterre, en Irlande, et américaine, dont trente ans plus tard il se souviendra encore des sévices, du climat et de la faim, les rapportant en ces termes (la seule fois concernant les États-Unis) : « Le goût de l’épine-vinette, qui émergeait accrochée dans la neige pendant la sévérité de l’hiver en Amérique du Nord, je l’ai toujours dans ma bouche, après un intervalle de trente ans. ». Hazlitt, Œuvres, t. 8, p. 259 (Works, édition par son biographe P.P. Howe, auteur de The life of William Hazlitt - 1922), source en.wikipedia.

[14] The people of Gaza are not just a form of self-reproducing protoplasm, however. They are men, women and (mostly) children with - as the great English essayist, William Hazlitt, once put it in not dissimilar circumstances - thoughts and feelings, and interests and passions, and purposes and affections, and a right and a will to be free. These people need far more than a ceasefire : they need a just peace.

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