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#ChristinaMcPhee EDITORIAL / Fugue States - Etats de Fugue

Le carnet de Décembre en 2012_The notebook of December 2012

Thursday 13 December 2012, by Christina McPhee, criticalsecret (traduction-rédaction en français)

“A movement is a displacement of a point of view. The persistence of singularities is most obvious in the sensory overload. Fugue states are places where layers of recursion persist. In the most desolate locale, or in the dense visual fields of paintings hung side by side.....in these extremes, at least, the fugue state arises.”

« Un mouvement comme déplacement du point de vue. La persistance des singularités, ce qui apparaît le plus évident des décharges sensorielles. Les états de fugue sont des situations où les couches de la récursivité persistent. Que ce soit à l’endroit d’un mur désert, ou dans la densité du champ visuel face à des peintures accrochées côte à côte... en ces extrêmes, au moins, l’état de fugue survient. »


[ English / Français ]


Fugue States


              A s an evocative label, ’fugue states’ can refer to motions undertaken by persons suffering from disassociation—a temporary loss of awareness of identity—yet can also suggest the pulsing recursions of musical phrases in the art of fugue as a musical-architecture.

A movement is a displacement of a point of view. The persistence of singularities is most obvious in the sensory overload. Fugue states are places where layers of recursion persist. In the most desolate locale, or in the dense visual fields of paintings hung side by side.....in these extremes, at least, the fugue state arises.

Rosi Braidotti and Gemma Corradi Fiumara suggest that “‘the instigation of rationality as the founding myth of Western philosophy and regulating principle of human affairs’ entails a joint process of abstraction and violence; while playing a normative role it both disguises the power it exercises and makes it ubiquitous.” [1] That figuration of the normative has to stay hidden— to keep us blind. The shock of the fugue state is the shock of reconnaissance: in this moment I lose my ‘subjectivity’ as it has been given to me by the regulation of violence. In the shock of the fugue state, I can see: the scales fall from my eyes.

Fugue states are productive anarchies. They are potential architectures of image-thought that start with the “resources of chromatic scale” (Kristeva [2]). Color serves the moving path. Moving through neural pathways, the fugue’s propellent figurations instigate capacities for sensual intensities on multiple registers. Conflict between colors, risks of line, arrays of layers—this information unfolds in cat’s cradle structures. Montage is put to serve less for cutting than for elision. “It is like a setting aside by side of chromatic differences that throb into a third dimension.” [3]

The month of December is notable for various ecstasies. The Mayan Calendar signals the end of the world today. Tomorrow Santa Lucia brings us her eyes on a plate, in hope that we will be cured of blindness. The Winter Solstice will arrive with the shimmer of light in darkness. Criticalsecret celebrates a joy that moves into a dimension in front of your screens. Advent signals new forms of life. The forms arise as naked species with persistence and abundance.

“The image, inasmuch as it expresses naked being, is a perfect medium between the object in the mind and the real thing. As such, it is neither a mere logical object nor a real entity: it is something that lives (“a life”) ; it is the trembling of the thing in the medium of its own knowablility; it is the quivering in which the image allows itself to be known.” (Giorgio Agamben [4])

Christina McPhee
12/12/12


New work:

- “Double Blind Studies: Louis-Georges Schwartz interviews Christina McPhee”

- “A Stendhal Effect”: excerpt from an unpublished novel by Margaret Schwenderer

Links:

"Penumbra Blind: After the BP Oil Spill” (2012) Christina McPhee, with music by Ava Mendoza.

Shana Moulton: “Green Screen Glorious Cure,” new in the Pharmakon Library.

Tamara KE: “We do not have to worry about thieves,” new in the Pharmakon Library.

“Recipe (Evacuee Cake)” (poetry and montage video) Molly McPhee and Christina McPhee with French subtitles.

“Soda Lake Fugue States” (performance montage video) Christina McPhee.


JPEG - 703.3 kb
Let it seep into the skin
© Christina McPhee (2012)
(gouache, ink, and graphite on Arches hp watercolor paper).
Drawings of the series teorema - 51


[ Français / English ]


Etats de Fugue


               C omme une étiquette suggestive, « états de fugue » peut se référer aux déplacements engagés par des personnes souffrant de dissociation — une perte temporaire de conscience de l’identité, — mais peut aussi bien suggérer le tempo récurrent des phrases musicales dans l’art de la fugue, telle une architecture musicale.

Un mouvement comme déplacement du point de vue. La persistance des singularités, ce qui apparaît le plus évident des décharges sensorielles. Les états de fugue sont des situations où les couches de la récursivité persistent. Que ce soit à l’endroit d’un mur désert, ou dans la densité du champ visuel face à des peintures accrochées côte à côte... en ces extrêmes, au moins, l’état de fugue survient.

Rosi Braidotti et Gemma Corradi Fiumara suggèrent que « ’l’instigation de la rationalité en tant que mythe fondateur de la philosophie occidentale et principe de régulation des affaires humaines’ implique un processus conjoint d’abstraction et de violence ; tandis qu’elle joue un rôle normatif en même temps elle dissimule le pouvoir qu’elle exerce et le rend omniprésent. » Cette figuration du normatif doit rester cachée — nous maintenir aveugles. Le choc de l’état de fugue est celui de la reconnaissance : au moment où je perds ma « subjectivité » telle qu’elle m’a été donnée par la disposition de la violence. Dans le choc de l’état de fugue, je peux voir : enfin mes yeux s’ouvrent.

Les états de fugue sont des anarchies productives. Ils sont des architectures potentielles de l’image-pensée qui commencent par « les ressources de l’échelle chromatique » (Kristeva) [5]. La couleur alimente le trajet du déplacement. En se déplaçant dans les sentiers neuraux, les figurations propulsives de la fugue suscitent des aptitudes à des intensités sensuelles sur des registres multiples. Conflit entre les couleurs, risques de concordance, assemblages des couches — cette information se déploie dans les structures des jeux de casse-tête [6]. Le montage est plutôt mis au service de l’élision que de la coupe. « C’est comme une mise à l’écart par le versant des différences chromatiques qui palpitent dans une troisième dimension. » [7]

Le mois de Décembre est remarquable pour ses diverses extases. Le calendrier maya annonce la fin du monde d’aujourd’hui. Demain Sainte Lucie [8], nous apporte ses yeux sur un plateau dans l’espoir que nous soyons guéris de la cécité. Le solstice d’hiver va arriver avec le chatoiement de la lumière dans les ténèbres. Criticalsecret célèbre une joie qui se meut dans une dimension devant nos écrans. L’avent signale de nouvelles formes de vie. Les formes surgissent en abondance et avec persistance comme une espèce nue.

L’image, dans la mesure où elle exprime l’être nu, est un medium parfait entre l’objet dans l’esprit et dans sa réalité matérielle. En tant que tel il n’est ni un simple objet logique, ni une entité réelle : c’est quelque chose qui vit (« une vie »), c’est le tremblement de la chose au milieu de sa propre possibilité de connaître, c’est le frémissement dans lequel l’image se permet d’être connue. (Giorgio Agamben) [9].

Christina McPhee
12-12-12


Derniers travaux :

- Double Blind Studies: Louis-Georges Schwartz s’entretient avec Christina McPhee.

- A Stendhal Effect: extrait d’un roman inédit de Margaret Schwenderer.


Liens :

- Penumbra Blind: After the BP Oil Spill(2012) Christina McPhee, with music by Ava Mendoza.

- Shana Moulton: Green Screen Glorious Cure, dernièrement, dans la bibliothèque du pharmakon

- Tamara KE: We do not have to worry about thieves, dernièrement dans la bibliothèque du pharmakon.

- Soda Lake Fugue States (performance, montage video), Christina McPhee.

- Claire Fontaine : Human Strike Within the Field of Libidinal Economy, essai, (2009).


Epilog - Epilogue

- Recipe (Evacuee Cake) (poésie et montage video) Molly McPhee et Christina McPhee, (sous-titres en français)


Attached Document

Julia Kristeva, « 8. Giotto’s Joy » (pdf)
A chapter from
Desire in Language: A Semiotic Approach
to Literature and Art

in Fugue State (Editorial).



* Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article.


P.S.

Logo: Christina McPhee at work (Double Blind Studies), a quotation from her facebook.


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Christina McPhee (editorialist)
Criticalsecret (publisher)
Le carnet de décembre en 2012_The notebook of December 2012

FUGUE STATE / ETAT DE FUGUE

Index des articles / This section’s articles:

- EDITORIAL / Fugue States - Etats de Fugue 13 December 2012, by Christina McPhee , criticalsecret (translation / traduction)

- A Stendhal Effect / Un effet de Stendhal 20 December 2012, by Martha Schwendener , criticalsecret (translation / traduction)

- Links in December 2012 / Liens en décembre 2012 28 décembre 2012, par Christina McPhee

- La lumière à la dérobade du store : Études en double aveugle / Double Blind Studies 29 December 2012, by Christina McPhee , Louis-Georges Schwartz , criticalsecret (translation / traduction)

- Processus continu, Recette / Ongoing process, Recipe: EPILOG in December 2012 / ÉPILOGUE en décembre en 2012 30 December 2012, by Christina McPhee , Molly McPhee , McBERG (Subtitles in French), criticalsecret (translation / traduction)

Footnotes

[1] Gemma Corradi Fiumara, The Mind’s Affective LIfe: A psychoanalytic and Philosophical Inquiry. East Sussex: Brunner-Routledge, 2001, p. 8.

[2] Julia Kristeva, “Giotto’s Joy,” in Desire in Language: A Semiotic Approach to LIterature and Art. New York: Columbia University Press, 1980, p. 231.

[3] Ibid. p. 231.

[4] Giorgio Agamben, “Nudity,” in Nudities. Translated by David Kishik and Stefan Perltella. Stanford: Stanford University Press, 2011, p. 83.

[5] L’ouvrage original en français de Julia Kristeva dans lequel elle a publié « La joie de Giotto », en chapitre de la troisième partie, « Frontières du refoulement », s’intitule Polylogue, éd. du Seuil, 1977. Ndlt : la traduction de l’expression (qui correspond à un leit-motiv récurrent chez Kristeva), est ici aléatoire et non la version source à la lettre ; en effet, dans le délai imparti par la publication du Carnet de décembre, comme nous n’avons reçu l’éditorial que la veille de sa parution et nous étions engagé à le traduire, nous n’avons pas trouvé le temps nécessaire pour requérir l’ouvrage afin d’y trouver la phrase originale (cela sera fait ultérieurement).

[6] En américain, cat’s cradle ce sont les jeux de ficelle, ces jeux où l’on constuit des architectures en ficelles entre deux mains. Un exemple est donné en couverture du roman éponyme de Kurt Vonnegut.

[7] Ibid. ici encore et en attendant quelques jours, la traduction sera remplacée par la phrase source de l’auteure.

[8] Lucie de Syracuse ou Sainte Lucie (fr.wiipedia), martyre chrétienne sous les persécutions de Dioclétien, est célébrée durant la période de l’avent en Suède, le 13 décembre, et à Metz, en France. En Suède, c’est la fête du retour de la lumière et de la beauté.

[9] Gorgio Agamben, Nudité, essai, col. bibliothèque Rivages, éd. Rivages, 2009. Ndlt : pour la même raison qu’au sujet de l’ouvrage cité de Julia Kristeva nous n’avons pu requérir le livre d’Agamben pour y trouver sa phrase originale en français (cela sera fait ultérieurement). En revanche, nous pouvons informer qu’il s’agit d’une idée éprouvée par Agamben dans le cadre 6ème Semaine internationale de video à Saint-Gervais Genève, à Genève (CH), en novembre 1995, lors d’une conférence sur le cinéma de Guy Debord, auquel cette manifestation était consacrée, séminaire et rétropsective, et dont on retrouve le texte dans son ouvrage Image et mémoire, col. Art et esthétique, éd. Hoëbeke, 1998. Pour avoir un aperçu, on peut lire l’a citation de la conférence, « Le cinéma de Guy Debord », dans le site espace.freud.pagesperso-orange.fr.

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