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#AaronSwartz Pourquoi Aaron est mort / Why Aaron Died

lundi 25 février 2013, par
Caroline Comacle
, Taren Stinebrickner-Kauffman

         « La semaine dernière, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu Aaron avec son sourire le plus effronté, assis à côté de mon lit. Il me tenait la main.
         Pendant quelques minutes, j’ai savouré une douce incertitude : les dernières semaines étaient-elles un cauchemar ? Aaron était-il toujours à mes côtés ? Ou bien s’agissait-il d’un rêve et Aaron était vraiment mort ?
         Puis Aaron a voulu me faire la lecture, mais il arrivait à peine à déchiffrer les phrases. Il m’a dit qu’il ne savait plus lire parce qu’il en avait perdu l’habitude. Alors j’ai su que ce n’était qu’un rêve. Aaron lisait tant. Son suicide n’était donc pas une illusion, il était bien réel.
Je lui ai alors demandé pourquoi. « Pourquoi as-tu fait ça ? Qu’est-ce qui t’est passé par la tête quand tu t’es tué ? J’aurais fait n’importe quoi pour toi. Absolument n’importe quoi, si seulement tu m’avais dit ce dont tu avais besoin. »
         « Je ne suis qu’un rêve », a-t-il répondu après un long moment de silence. « Ce n’est pas à moi de t’expliquer pourquoi. Puisque je ne suis que le fruit de ton esprit, je ne peux rien te dire que tu ne saches déjà. »
         Submergée par la tristesse, je me suis forcée à ouvrir les yeux pour sortir de ce mauvais rêve. La réalité était aussi cauchemardesque. Je ne trouverai jamais les réponses aux questions qui me torturent l’esprit. Mais je suis la seule à connaître certains faits, que je souhaite partager dans l’envoi sur ce blog. »

         “Last week, I awoke to find Aaron with me. He was sitting next to my bed, grinning his cheekiest grin, holding my hand.
         For a few minutes, I savored a sweet uncertainty : Were the last few weeks all a nightmare, and Aaron was still with me ? Or was I awaking inside a dream state, and in the real world Aaron was actually dead ?
           Then Aaron started trying to read a book to me, but he was having trouble deciphering the sentences. He said he was forgetting how to read for lack of practice. It became clear then that he was dream Aaron — real Aaron would never forget how to read. And that meant that everything I remembered about him killing himself must have been true in real life.
         So I asked him why. Why did you do it ? What was going through your mind when you killed yourself ? I would have done anything for you. Anything at all, if you’d just told me what you needed.
         “I’m dream Aaron,” he replied, after a long pause. “It’s not my job to tell you why. You see, as dream Aaron, I can’t tell you anything you don’t already know.”
         As sadness enveloped me, I forced myself awake from the dream nightmare, only to confront the real-life nightmare. I will never have all the answers I crave. But I do have answers that no one else has. And that is why I’m writing this blog post.”

TarenSK, 4th Feb 2013

AARON SWARTZ Carnet de janvier-février_Notebooks of January-February : Sommaire / Contents.


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Pourquoi Aaron est mort


         L a semaine dernière, j’ai ouvert les yeux et j’ai vu Aaron avec son sourire le plus effronté, assis à côté de mon lit. Il me tenait la main.

Pendant quelques minutes, j’ai savouré une douce incertitude : les dernières semaines étaient-elles un cauchemar ? Aaron était-il toujours à mes côtés ? Ou bien s’agissait-il d’un rêve et Aaron était vraiment mort ?

Puis Aaron a voulu me faire la lecture, mais il arrivait à peine à déchiffrer les phrases. Il m’a dit qu’il ne savait plus lire parce qu’il en avait perdu l’habitude. Alors j’ai su que ce n’était qu’un rêve. Aaron lisait tant. Son suicide n’était donc pas une illusion, il était bien réel.

Je lui ai alors demandé pourquoi. « Pourquoi as-tu fait ça ? Qu’est-ce qui t’est passé par la tête quand tu t’es tué ? J’aurais fait n’importe quoi pour toi. Absolument n’importe quoi, si seulement tu m’avais dit ce dont tu avais besoin. »

« Je ne suis qu’un rêve », a-t-il répondu après un long moment de silence. « Ce n’est pas à moi de t’expliquer pourquoi. Puisque je ne suis que le fruit de ton esprit, je ne peux rien te dire que tu ne saches déjà. »

Submergée par la tristesse, je me suis forcée à ouvrir les yeux pour sortir de ce mauvais rêve. La réalité était aussi cauchemardesque. Je ne trouverai jamais les réponses aux questions qui me torturent l’esprit. Mais je suis la seule à connaître certains faits, que je souhaite partager sur ce blog.


         S elon moi, la dépression n’est pas la cause du suicide d’Aaron.

Je suis consciente du fait que de nombreuses personnes n’auraient pas commis le même acte qu’Aaron, même soumises à des pressions aussi intenses que celles qu’il endurait.

Je ne cherche aucunement à réduire sa douleur, ni à réduire la douleur des dépressifs.

J’affirme cela malgré ce triste article sur le suicide publié sur son blog il y a plusieurs années, que j’avais lu et dont j’avais parlé avec lui au début de notre relation. Je savais qu’il avait souffert d’une maladie mentale.

Je l’affirme parce qu’au cours des 20 derniers mois de sa vie, Aaron a passé plus de temps avec moi qu’avec quiconque. Pendant la majeure partie des 8 derniers mois, nous vivions ensemble, partagions les mêmes trajets, travaillions dans le même bureau… et je ne me suis pas inquiétée de sa santé mentale avant les 24 dernières heures.

Je l’affirme parce que, depuis son suicide, je m’efforce de donner un sens à ce qui s’est passé. J’ai appris. J’ai fait des recherches sur la dépression clinique et les troubles associés. J’ai lu tous les symptômes et jusqu’aux dernières 24 heures précédant sa mort, Aaron n’en présentait aucun.

Il m’est très pénible de lire partout « qu’Aaron luttait contre la dépression ». Comme si son procès n’était qu’un facteur parmi tant d’autres, comme si ces poursuites ne l’avaient pas poussé à se suicider le 11 janvier.

La dépression se caractérise par une perte d’énergie, l’inactivité, le retrait, l’isolement, une faible estime de soi, des problèmes de concentration, l’oubli des détails, et une incapacité à éprouver du plaisir dans le quotidien. Tous les dépressifs ne présentent pas l’ensemble de ces symptômes simultanément, mais tous font partie des mécanismes de la maladie. De fait, Aaron faisait référence à beaucoup d’entre eux dans sa description de la dépression qui l’avait terrassé il y a des années.

Laissez-moi vous parler d’Aaron tel que je le connaissais, en 2011, 2012 et au cours des premiers jours de 2013.


         L e Aaron que je connaissais était actif. Il travaillait d’arrache-pied quasiment chaque jour, jusqu’à ce qu’il attrape la grippe deux semaines avant sa mort. Quelques semaines avant cela, alors que j’avais quitté la ville pour le week-end, il m’avait surprise en m’annonçant qu’il avait passé la journée en randonnée hors de New York. Il était radieux en rentrant et m’a raconté comment il s’était retrouvé à escalader une roche abrupte pour emprunter un « raccourci » sous le regard d’autres randonneurs (et avait perdu sa liseuse dans une crevasse, par la même occasion).

Le Aaron que je connaissais était sociable et appréciait de passer du temps avec ses meilleurs amis, jusqu’au bout. Il était ambitieux. Très. Et avait des projets. Le 9 janvier, deux jours avant se mort, il est resté absorbé pendant des heures dans une conversation avec Sam, notre ami australien, sur la nouvelle organisation qu’Aaron commençait à mettre sur pied. Sam lui a demandé s’il était aidé. Aaron a répondu qu’il était déjà entouré de toutes les personnes suffisamment compétentes pour le soutenir. Arrogance typique du pessimisme chez Aaron, mais qui montrait à quel point il savait que ses amis étaient à ses côtés. Sam a brièvement présenté à Aaron le paysage politique australien. Aaron s’est étonné de la facilité avec laquelle l’Australie pourrait être « colonisée », mais a conclu qu’un pays de seulement 20 millions d’habitants n’avait probablement aucun intérêt.

Inutile de dire qu’Aaron ne manquait pas d’estime de soi.

Le Aaron que je connaissais n’avait aucun problème de concentration et se souvenait bien des détails. Jusqu’à la semaine précédant sa mort, il dévorait tous les articles scientifiques qu’il trouvait sur l’addiction aux drogues et l’efficacité des initiatives dans ce domaine. Pour dissiper tout doute : Aaron n’avait lui-même aucun problème de drogue (il buvait très rarement de l’alcool). Ses lectures s’inscrivaient dans le cadre d’un projet de consulting pour Givewell, son organisation caritative préférée. Il m’a raconté avec beaucoup d’enthousiasme ses conversations avec les meilleurs experts dans ce domaine, m’a parlé des interventions les plus prometteuses en matière de lutte contre l’alcoolisme et m’a fait part des théories qu’il ébauchait sur les changements politiques les plus envisageables. Nous avons parlé des constructions culturelles qui poussent notre société à envisager si différemment des produits de formule chimique quasi-identique, comme dans le cas de l’héroïne et de la morphine.

Le Aaron que je connaissais savait voir et apprécier la beauté du quotidien. Je ne tairai pas ses problèmes nutritionnels, qui relevaient des symptômes classiques de la colite ulcéreuse dont il souffrait. Mais il faisait honneur à la bonne chair, et avait d’ailleurs des goûts très variés. Il possédait un sens esthétique raffiné. Il tirait sincèrement plus de joie que quiconque d’un excellent muffin au maïs, d’un arc narratif brillamment composé dans la biographie de Lyndon B Johnson par Robert Caro ou d’une belle police de caractères.

Et ce qui est peut-être le plus impressionnant, c’est qu’il ait continué à faire preuve de ces qualités pendant près de deux ans, alors même qu’il devait faire face à la longue épreuve qui menaçait de ruiner sa vie.


         A aron était profondément humain : il n’était pas toujours heureux et je serais la première à affirmer qu’il était parfois très difficile à vivre. Il avait des sautes d’humeur et se montrait parfois introverti. Aaron souffrait souvent beaucoup des intestins. Aaron était dur avec lui-même (et tout aussi dur avec les autres). Et de toute évidence, Aaron au bout du compte fut suicidaire.

Pourtant, je l’affirme encore : selon moi, la dépression n’est pas la cause du suicide d’Aaron. C’est un point essentiel. Tant de gens prétendent le contraire et font de sa mort une leçon, prônant une meilleure prise en charge de la dépression ainsi qu’une détection plus efficace des tendances suicidaires. Ces deux points font en effet cruellement défaut dans ce pays et Aaron aurait été le premier d’accord. Mais s’ils sont nécessaires, ce n’est pas à cause de ce qui est arrivé à Aaron.

Je ne sais pas exactement pourquoi Aaron s’est tué. Je ne sais pas exactement ce qui lui est passé par la tête. Si je l’avais su le 11 janvier, si j’avais su quelles questions lui poser, j’aurais peut-être pu l’arrêter. J’y pense nuit et jour depuis.

Mais comme me l’a rappelé Aaron en rêve, je ne saurai jamais rien de plus que je ne sais déjà. D’après mon expérience de vie commune, qui m’a permis de l’observer, de l’écouter, de lui poser des questions, allongée à ses côtés, à table, assise à côté de lui dans le métro, au bureau, où nous travaillons chacun à nos projets, la dépression n’est pas la cause du suicide d’Aaron.

Selon moi, le suicide d’Aaron est dû à l’épuisement, la peur et l’incertitude. La disparition d’Aaron est la conséquence de son procès et de la persécution dont il faisait l’objet depuis 2 ans (ne sommes-nous pas censés avoir droit à un procès rapide ?) et qui avaient déjà eu raison de toutes ses ressources financières. La mort d’Aaron est imputable à notre système judiciaire, qui privilégie le pouvoir à la grâce, la vengeance à la justice, un système qui punit les innocents en les forçant à lutter pour prouver leur innocence plutôt que d’accepter une réduction de peine, qui fait d’eux des criminels à perpétuité, un système dans lequel les mesures incitatives et les structures du pouvoir poussent les procureurs à détruire la vie de pionniers tels qu’Aaron pour assouvir leurs propres ambitions.

La question à poser est la suivante : si, le 10 janvier, Steve Heymann et Carmen Ortiz, du Bureau du procureur fédéral du Massachusetts avait appelé l’avocat d’Aaron pour annoncer qu’ils reconnaissaient leur erreur et qu’ils abandonnaient toutes les charges, ou même qu’ils étaient prêts à proposer une réduction de peine raisonnable qui n’aurait pas fait d’Aaron un criminel pour le restant de ses jours, Aaron se serait-il tué le 11 janvier ?

La réponse est probablement non.

Taren Kate Stinebrickner-Kauffman et Caroline Comacle (pour la traduction)

Source : http://tarensk.tumblr.com/post/42260548767/why-aaron-died.


Memorial de Internet Archive, San Francisco, le 24 janvier 2013, Part. 1. (O’Reilly Media)

Danny O’Brien 1:55 ; Taren Stinebrickner-Kauffman 11:06 ; Lisa Rein 29:44 ; Seth Schoen 34:34 ; Peter Eckersley 42:10 ; Tim O’Reilly 52:23 ; Molly Shaffer van Houweling 56:48 ; Alex Stamos 1:03:13 ; Cindy Cohn 1:09:05 ; Brewster Kahle 1:12:55 ; Carl Malamud 1:22:35.


[ FR - EN ]


Why Aaron Died


Last week, I awoke to find Aaron with me. He was sitting next to my bed, grinning his cheekiest grin, holding my hand.

For a few minutes, I savored a sweet uncertainty : Were the last few weeks all a nightmare, and Aaron was still with me ? Or was I awaking inside a dream state, and in the real world Aaron was actually dead ?

Then Aaron started trying to read a book to me, but he was having trouble deciphering the sentences. He said he was forgetting how to read for lack of practice. It became clear then that he was dream Aaron — real Aaron would never forget how to read. And that meant that everything I remembered about him killing himself must have been true in real life.

So I asked him why. Why did you do it ? What was going through your mind when you killed yourself ? I would have done anything for you. Anything at all, if you’d just told me what you needed.

“I’m dream Aaron,” he replied, after a long pause. “It’s not my job to tell you why. You see, as dream Aaron, I can’t tell you anything you don’t already know.”

As sadness enveloped me, I forced myself awake from the dream nightmare, only to confront the real-life nightmare. I will never have all the answers I crave. But I do have answers that no one else has. And that is why I’m writing this blog post.

*********

I believe that Aaron’s death was not caused by depression.

I say this with the understanding that many other people would not have made the same choice that Aaron made, even under the same pressures he faced.

I say this not in any way to understate the pain he was in — nor, for that matter, the pain that clinically depressed people are in.

I say this despite the fact that early on in our relationship, I had read and discussed with him his infamous blog post about suicide written years before — so I was not unaware that he had struggled with mental health in the past.

I say this because over the last 20 months of his life, Aaron spent more time with me than with anyone else in the world. For much of the last 8 months of his life, we lived together, commuted together, and worked in the same office — and I was never worried he was depressed until the last 24 hours of his life.

I say this because, since his suicide, as I’ve tried to grapple with what happened, I’ve been learning. I’ve researched clinical depression and associated disorders. I’ve read their symptoms, and at least until the last 24 hours of his life, Aaron didn’t fit them.

And that makes it hard to read, in so many articles, that “Aaron struggled with depression” — as though the prosecution was just one factor among many, as though, perhaps, he might have committed suicide on January 11 without it.

Depression is characterized by low energy and inactivity, withdrawal and isolation, feelings of low self-worth, trouble concentrating and remembering detail, and an inability to take pleasure in everyday life. Not all depressed people feel all of these things all the time, but those are the recipe. And, indeed, Aaron’s blog post about his own depression years before had alluded to many of these things.

But let me tell you about the Aaron I knew—the Aaron Swartz of 2011, 2012, and the first few days of 2013.

*********

The Aaron I knew was active. He worked out most days until he got the flu two weeks before he died. Just a few weeks before that, when I was out of town for the weekend, he had surprised me by taking himself on a day-long hike outside of New York. He came back glowing that evening, describing how he had scrambled up a steep rocky “shortcut” with some other hikers watching (and in the process lost his Kindle down a crevice).

The Aaron I knew was sociable and excited to spend time with his favorite people, right up to the very end. He had plans and ambitions — huge ones. On January 9, two days before he died, he spent hours deep in conversation with our Australian friend Sam about the new organization Aaron was in the early stages of building. Sam asked him whether he had support, and Aaron replied that everyone who was competent enough to support him was, in fact, supporting him — classic Aaron pessimistic arrogance, but also a reminder that he knew his friends were standing with him. Sam gave Aaron a quick overview of Australian politics ; Aaron expressed astonishment at how easy it would be to “take over Australia”, but concluded that a country of only 20 million probably wouldn’t be worth it.

Self-esteem, needless to say, was definitely not Aaron’s problem.

The Aaron I knew had no trouble concentrating or remembering detail. Up through the week before he died, he was devouring all the scientific literature he could find on drug addiction and effective interventions. Not, to be clear, because he had any drug issues himself (he almost never even drank alcohol), but for a consulting project he was working on for Givewell, his favorite charity. He related to me with deep intellectual excitement his conversations with the top experts in the field, the interventions that had shown the most promise at combating alcoholism, his developing theories about what types of policy changes might be most politically feasible. We debated the cultural constructs that allow our society to treat almost indistinguishable chemicals as differently as we treat heroin and morphine.

The Aaron I knew had profound capacity for pleasure in everyday life. He did, of course, have problems with eating — within the range of normal symptoms associated with his ulcerative colitis. But when he found truly great food — or for that matter, truly great anything — he reveled in it. He had a finely honed aesthetic sense. He could get deeper, truer joy out of a perfect corn muffin, a brilliantly constructed narrative arc from Robert Caro’s LBJ biography, a beautiful font, than anyone I’ve ever met.

And maybe most impressively, he sustained all of these qualities for almost two years, in the face of an ongoing ordeal that threatened to ruin his life.

*********

Aaron was human : He wasn’t happy every moment, and I’d be the first to say he could be a real pain to live with sometimes. Aaron could be moody and introverted. Aaron was often in substantial physical pain from his stomach. Aaron was hard on himself (and equally hard on others). And Aaron obviously, at the end, was suicidal.

But I say it again : Aaron’s death was not caused by depression. This is an important point, because many people are arguing that it was, and that the appropriate response to his death is better treatment for depression, better detection of suicidal tendencies. This country absolutely needs these things — Aaron would have been the first to agree — but we need them because they’re the right thing to do, not because of what happened to Aaron.

I don’t know exactly why Aaron killed himself. I don’t know exactly what was going through his mind. If I had known those things on January 11, if I had even known the right questions to ask, maybe I could have stopped him. Since January 11, I think about it every hour of every day.

But as dream Aaron reminded me, I can only know what I already know. And with the knowledge I have — from watching, listening, asking, next to him on the bed, over meals, talking on the subway, from our adjacent desks at the office where we worked on separate projects — from our lives together, I believe that Aaron’s death was not caused by depression.

I believe Aaron’s death was caused by exhaustion, by fear, and by uncertainty. I believe that Aaron’s death was caused by a persecution and a prosecution that had already wound on for 2 years (what happened to our right to a speedy trial ?) and had already drained all of his financial resources. I believe that Aaron’s death was caused by a criminal justice system that prioritizes power over mercy, vengeance over justice ; a system that punishes innocent people for trying to prove their innocence instead of accepting plea deals that mark them as criminals in perpetuity ; a system where incentives and power structures align for prosecutors to destroy the life of an innovator like Aaron in the pursuit of their own ambitions.

Ask yourself this : If on January 10, Steve Heymann and Carmen Ortiz at the Massachusetts US Attorney’s office had called Aaron’s lawyer and said they’d realized their mistake and that they were dropping all charges — or even for that matter that they were ready to offer a reasonable plea deal that wouldn’t have marked Aaron as a felon for the rest of his life — would Aaron have killed himself on January 11 ?

The answer is unquestionably no.

Taren Kate Stinebrickner-Kauffman

You should follow me on Twitter here.


Source : http://tarensk.tumblr.com/post/42260548767/why-aaron-died.


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http://www.rememberaaronsw.com/ (pour lire tous les textes et voir tous les documents, provoquer le défilement continu de la page vers le bas).


* Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article.


P.-S.

- Pour mémoire des contributions de l’auteure parmi les orateurs des mémoriaux à Aaron Swartz :

Taren Stinebrickner-Kauffman, Memorial de Cooper Union Hall, New York City, 19 janvier 2013 - anglais sans sous-titres. (Andrei Severny)


Taren Stinebrickner-Kauffman, Memorial de Cannon House Office Building, Capitol Hill, Washington, DC, 4 février 2013 - anglais sans sous-titres. (David Grossman)

- Voir entre les deux versions linguistiques de l’article son exposé à Internet Archive, San Francisco.


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