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#PacômeThiellement Du traitement moral de la folie (Extraits) | Of the Moral Treatment of Insanity (Excerpts)

Friday 24 January 2014, by
Pacôme Thiellement (Auteur)
, François Leuret, Samy Hamidou (translator and author)

[ FR - ENG ]

(Ndlr) Il s’agit du cas et du traitement de monsieur Dupré, patient du professeur François Leuret, anatomiste et psychiatre de référence des débuts de la psychiatrie française, œuvrant entre autres à l’asile réputé pour les malades mentaux dit Charenton (de Charenton-le-Pont, lieu où il se trouve) [1] qui les reporte ensemble, au souos-titre « XXIIe observation », parmi son ouvrage clinique de 462 pages, Du traitement moral de la folie, publié à la librairie médicale des éditions J.B. Baillères (Paris, Londres), à la fin de 1840 [2].

CHAP. III.

CHEZ LES ALIÉNÉS, L’INTELLIGENCE ET LES PASSIONS NE PEUVENT ÊTRE RAMENÉES A LEUR TYPE RÉGULIER, SANS LE SECOURS DU TRAITEMENT MORAL, ET CE MODE DE TRAITEMENT EST LE SEUL QUI AIT UNE INFLUENCE DIRECTE SUR LES SYMPTÔMES DE LA FOLIE

VI. Porteurs de titres et de dignités imaginaires
XXIIe observation
Hérédité : insolation. – Apathie, idées ambitieuses, aussi remarquables par leur nombre que par leur bizarrerie. – Inefficacité des moyens physiques et des moyens moraux, ordinairement mis en usage. – Traitement moral énergique. – État de raison, pendant environ un an. – Menaces de rechute, en mai, 1840. – Durée de la maladie, quinze ans.



[argent]Du traitement moral de la folie[/argent] [argent](extraits)[/argent]


U n ancien officier, maintenant âgé de quarante-cinq ans, est entré à l’hospice de Charenton, au mois d’août de l’année 1824, pour cause d’aliénation mentale. « Six mois auparavant, est-il dit dans une lettre de son père, en date de cette époque, il était devenu taciturne, déraisonnait sur tout, excepté sur la littérature, et malgré les exhortations de ses parents, jamais on ne pouvait le décider à sortir de sa chambre ». On attribuait son état, à l’action du soleil d’Espagne, pays où ce militaire, que j’appellerai M. Dupré, avait fait la guerre en 1823, et au chagrin qu’il éprouva de ne pas obtenir un avancement aussi rapide qu’il l’eût désiré. Ainsi sa maladie remonte au commencement de l’année 1824. […] [3]
Ainsi, depuis 1824 jusqu’en 1836, la maladie de M. Dupré n’éprouve ni rémission ni amélioration : elle va au contraire en s’aggravant d’année en année, et tous les médecins qui, depuis six ans, voient le malade, s’accordent à le déclarer incurable. L’état dans lequel je le trouve au mois de juin 1838, c’est-à-dire quinze ans environs après l’apparition des premiers symptômes de folie, est bien propre à justifier le fâcheux pronostic porté sur lui ; cet état est le suivant :
M. Dupré est un homme gros et court, chargé d’embonpoint ; il se promène seul, et n’adresse jamais la parole à qui que ce soit. Son regard est incertain, sa figure hébétée. Il rend, sans cesse, des gaz par le haut et par le bas, et fait entendre très souvent un petit grognement fort désagréable, dans le but de se débarrasser des émanations que l’on introduit dans son corps, à l’aide de la nécromancie. Il est insensible aux prévenances qu’on peut lui faire, et cherche même à les éviter. Lorsqu’on insiste, il se met de mauvaise humeur, mais sans jamais être violent, et dit au surveillant, si le surveillant se trouve là : « Faites donc retirer ces folles, qui viennent me tourmenter. » Il ne regarde jamais personne en face, et si on l’a tiré un instant de l’incertitude, de la rêvasserie qui lui sont habituelles, il y retombe aussitôt.
Dupré est un nom de convention, un nom d’incognito ; son vrai nom, nous le savons bien, c’est Napoléon.
Il y a, sur la terre, trois familles qui l’emportent sur les autres par leur noblesse, ce sont les familles des princes tartares, de Nigritie et du Congo. Une race particulière, la plus illustre de la famille des princes tartares, est celle des Alcyons, dont le chef est lui, soi-disant Dupré ; mais en réalité né en Corse, descendant de Cosroës : il est Napoléon, Delavigne, Picard, Andrieux, Destouches, Bernardin de Saint-Pierre tout à-la-fois.

L e signe distinctif de sa qualité d’Alcyon, c’est de pouvoir constamment goûter les plaisirs de l’amour ; au-dessous de lui sont des êtres dégénérés de sa race, moins favorisés que lui et appelés, d’après leurs dispositions amoureuses 3/4, 1/2, 1/4 ou 1/5e d’Alcyons.
A la suite des excès qu’il a commis, il est tombé dans un état de maladie chronique, pour le traitement de laquelle, son conseil l’a envoyé dans son château de Saint-Maur (c’est ainsi qu’il appelle Charenton), puis à Saint-Yon puis à Bicêtre.
Le Bicêtre, dans lequel il se trouve, n’est pas celui qui est situé près de Paris, et la ville qu’on lui fait voir, à quelque distance de l’hospice, n’est autre que la ville de Langres dans laquelle, pour le tromper, on a figuré des monuments qui ont quelque ressemblance avec ceux du vrai Paris.
Lui seul, dans l’hospice, est un homme ; tous les autres sont des femmes, ou plutôt des composés de plusieurs femmes, ayant sur la figure des masques bien arrangés, garnis de barbe et de favoris. Le médecin qui le soigne, il le reconnaît positivement pour une cuisinière qu’il a eue à son service. La maison dans laquelle il a couché, en venant de Saint-Yon, pour entrer à Bicêtre, s’est envolée, dès qu’il en a été sorti. Il ne lit jamais, et pour rien au monde, il ne toucherait à aucun journal ; les journaux qu’on lui présente sont faux, ils ne parlent pas de lui, Napoléon, et ceux qui les lisent sont des compères qui s’entendent avec ceux qui les font. L’argent n’a aucune valeur ; il n’y a plus que de la fausse monnaie. Souvent il a entendu parler les ours et les singes du Jardin des Plantes. Il se rappelle le séjour qu’il a fait dans son château de Saint Maur, et même quelques unes des personnes qu’il y a connues ; ces personnes sont des sècheurs dont Saint Maur est le lieu de rassemblement : il se rappelle Saint-Yon qu’il a vu peuplé d’ingénues ; il se rappelle également la plupart des circonstances de sa vie à Bicêtre, et en le tourmentant un peu l’on parvient à obtenir de lui quelques réponses sur ce sujet ; il dit qu’il y est entouré de lignes et il ne faut pas que l’on approche de lui, parce que ses lignes s’en trouvent embarrassées. Mais quoi que l’on fasse, si on essaie d’attirer son attention sur l’époque de sa vie qui a précédé 1824, on ne peut pas en obtenir un mot. Il est Napoléon, né en Corse, on le sait bien, et cela dit, il s’en va, sans vouloir répondre.
La multiplicité de ses idées fausses n’est pas moins remarquable que l’assurance avec laquelle il les débite. Il prend à témoin de la vérité de ce qu’il dit tous ceux qui sont présents, et il est presque impossible d’arracher de sa bouche des paroles qui ne soient autant de folies.
Il ne veut jamais écrire, dans la crainte de se compromettre (j’ai su plus tard qu’il avait adopté une orthographe particulière qui consistait à supprimer la plupart des lettres que l’on ne fait pas sentir dans la prononciation) : il n a pas pour les jours du mois la même date que tout le monde. Il reste depuis le début de sa maladie complètement étranger à ses affaires, aux évènements politiques. Il ignore la révolution de juillet, et lui qui est Napoléon, n’a aucun souci que Louis-Philippe règne et qu’il habite les Tuileries.
Ce n’est pas en une seule séance que l’on parvient à connaître toutes les billevesées qu’il a dans la tête ; mais quelque nombreuses que soient ces billevesées, il ne les dit pas au hasard et sans avoir la conscience de ce qu’il dit ; il y pense, il les répète surtout quand on l’interroge et les arguments qu’on lui oppose ne peuvent rien pour le dissuader.
Il semble qu’il soit impossible d’exciter en lui aucune passion, pas même la colère ; jamais il ne demande de faveurs ; il ne songe pas à sortir de l’hospice et ne craint pas non plus les traitements dont on le menace, ou qu’on lui a fait subir.
Chaque jour pendant deux mois au moins on lui a donné des douches sans qu’il ait voulu céder sur aucun point. […] [4] M. Picard et moi, accompagnés du surveillant de la division, nous le conduisons dans un lieu élevé de l’hospice de Bicêtre d’où l’on découvre une très grande partie de la ville, et après nous être évertués à exciter son attention, nous lui disons :
— N’est-ce pas là Paris ?
— C’est une représentation de Paris, répond-il ; il y a plusieurs choses imitées mais c’est Langres.
— N’est-ce pas là le Panthéon ?
— C’est une représentation du Panthéon.
— N’est-ce pas là le Val de Grâce ?
— Eh bien oui, c’est une représentation du Val de Grâce.
Enfin après l’avoir bien tourmenté et l’avoir menacé de la douche, dont il avait fini par avoir peur, il nous répond :
— Eh bien oui, c’est Paris, là ! mais laissez-moi tranquille. Vous voulez que ce soit Paris, je dis que c’est Paris mais c’est Langres.
S’il allait dans la ville serait-il convaincu ? […] [5] Nous venons à pieds, ayant Paris devant les yeux. Je laisse M. Dupré à ses sensations et je le fais peu parler. Arrivés au Luxembourg :
— Eh bien ?
— Il y a beaucoup de changements : tous ces terrains n’y étaient pas, c’étaient des fossés (Et il a raison).
— Et le palais ?
— Il est assez bien imité, mais plus petit.
— Et cette cour du palais ?
— Elle est plus petite.
— D’ici, nous conduiriez-vous bien rue de Vaugirard ?
— Elle est là.
Et nous y allons, lui le premier.
— A l’Odéon ?
— Sans doute.
Il tourne à gauche, lorsqu’il aurait fallu tourner à droite.
— Ne vous trompez-vous pas ? L’Odéon est près du Luxembourg. Demandez votre chemin. Je ne veux pas vous l’indiquer.
Il s’adresse à un commissionnaire :
— Dites-moi, je vous prie, dans quel endroit on a mis l’Odéon ?
Le commissionnaire lui indique où est l’Odéon. M. Dupré voit ce théâtre et le trouve plus petit que n’est le véritable Odéon.
Nous nous dirigeons vers l’Omnibus qui conduit de l’Odéon au boulevard des Italiens. […] [6] En traversant le Pont Royal, comme il avait le dos tourné du côté du pont des Saints-Pères, je l’engage à regarder ce dernier pont, qu’il ne connaît pas encore. Il regarde et me dit tout haut :
— Eh bien ! dans ce même endroit, à Paris, j’ai fait construire le pont des Arts.
Un voisin qui l’entend, prenant la parole, lui fait observer que le pont des Arts est plus loin. « Non, non, » répond M. Dupré : « c’est moi qui suis Napoléon ; nous sommes ici dans la ville de Langres. On y a imité plusieurs des choses qui sont à Paris ; mais je ne suis pas dupe de cela. » L’interlocuteur a la bonté de ne pas rire, de ne pas insister, et, à ma grande satisfaction, la conversation finit là. Sur les boulevards, je veux diriger notre promenade vers la place Vendôme ; mais je feins de ne plus savoir quel chemin je dois prendre, et je m’en vais vers un passant, pour qu’il m’indique où est cette place. « Je vous y conduirai, » me dit M. Dupré : « c’est là tout près. »
« Nous sommes donc à Paris, puisque vous savez si bien trouver la place Vendôme ! »  Je fais cette réflexion tout bas, voulant, s’il se peut, que la conviction lui vienne par ses propres sensations. Nous voyons la Madeleine, la place de la Concorde, l’Obélisque, les Tuileries. Je n’ai garde de me diriger vers une des portes de ce jardin, craignant qu’on ne s’oppose à notre entrée à cause des mauvais habits dont mon compagnon est couvert, et aussi dans la crainte qu’il ne veuille aller prendre la place de Louis Philippe. En revenant, M. Dupré me dit :
— Je suis fâché d’être venu ici.
— Pourquoi ?
— Cela me laisse des regrets, parce que je ne puis y demeurer.
— Qui empêcherait que vous ne pussiez y demeurer ?
— C’est impossible.
— Y connaissez-vous quelqu’un ?
— Sans doute j’y connaissais bien du monde mais toutes mes connaissances doivent avoir disparu. Il y a si longtemps ! Tenez, retournons à Bicêtre.
Après dîner, il se promène encore, indique à M. Picard plusieurs passages qui abrègent le chemin, et, comme M. Picard veut le faire entrer dans un cabinet de lecture, M. Dupré dit que tous ces journaux sont de faux journaux et les lecteurs des compères, amenés là pour en faire lecture.
Le soir, il paie sa place à la voiture et retourne à Bicètre, sans aucun regret pour Paris. M. Picard, qui le reconduit, exige qu’avant de le quitter M. Dupré convienne qu’il ne s’appelle pas Napoléon et qu’il arrive de Paris. Le malade refuse, et comme il persiste dans son refus, il est mis au bain et on lui verse de l’eau froide sur la tête. Alors il convient de tout ce que l’on veut ; mais, hors du bain, il revient à ses idées folles. […]

François Fleuret
Du traitement moral de la folie ; Paris, Londres, J.B. Baillères, 1840 ; (pp. 418-419 & pp. 421-440).

Extrait choisi découpé et monté par Pacôme Thiellement


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Création 2 © Michel Belisle 2013



[ FR - ENG ]

[argent]Of the Moral Treatment of Insanity[/argent]

[argent](Excerpts)[/argent]


A former officer, forty-five years old, entered at Charenton Hospital [7], in the month August of the year 1824, by reason of insanity. “Six months ago,” it is said in a letter to his father, dated from this period, “ he became silent, talked nonsense on everything except on the literature, and despite the exhortations of his parents, one could never to decide him to leave this chamber”. We attributed his condition to the action of sun of Spain, country where this soldier, that I will call Mr. Dupré, had fought in 1823, and the sorrow he felt about no getting advancement as quick as he would have wished. Thus the disease dates back to the beginning of the year 1824. [...] [8]
From 1824 until 1836, Mr. Dupré’s disease shows neither remission nor improvement, but getting in contrary worse year after year, and all doctors who, since six years, see the patient, agrees to say incurable. The state in which I found him in June 1838 i.e. around fifteen years after the first symptoms of insanity, is well to justify the unfortunate prognosis focused on him, this state is the following:
Mr. Dupré is a short and stout man afflicted with overweight, he walks alone, and never speaks to anyone. His look is uncertain, his face dazed. He farts and burps continuously, and often we heard a little unpleasant grunt in order to get rid of fumes that are introduced into his body with the necromancy. He is insensitive to any kindness done to him, and he even tries to avoid them. When we insist, he gets cranky, but without ever being violent and he tell to the guard if the guard is there: “Withdraw from me these crazy women, who come to torment me.” He never looked at anyone’s face when talking, and if you pulled him from a moment of uncertainty, from his usual daydreaming, he falls back into it immediately.
Dupré is a common name, a name of incognito; his real name, we know it well, it is Napoleon.
There is on Earth, threes families which prevail on the other by their nobility, they are the families of the tartar princes, Nigritie and Congo. A particular race, the most famous family of the Tartar princes, is the Alcyons, of which the chief is he, supposedly Dupré, but in reality born in Corsica, a descendant of Cosroes: he is Napoleon, Delavigne, Picard, Andrieux, Destouches, Bernardin de Saint-Pierre at the same time.

The hallmark of his Alcyon’s quality is being able to constantly taste the pleasures of love; below him are degenerates beings of his race, less fortunate than him and according to their loving capacities 3/4, 1/2, 1/4 ou 1/5th of Alcyons.
A result of the excesses he has committed, he falls into a state of chronic disease. To treat him, his council sent him in his castle of Saint-Maur (this is how he names Charenton), and Saint-Yon then Bicêtre.
Bicêtre, where he lives, is not the one located near Paris, and the city that we show him, at some distance of hospice, is the city of Langres where, to fool him, we represented monuments with some resemblance with those of Paris.
Only he is the man in the hospice; the rest is women, or rather combination of several women, having on the face masks well arranged, with beards and side whiskers. The doctor who cures him, he recognizes him as a woman cooker who he had to his service. After coming from Saint-Yon to enter at Bicêtre, the house where he slept vanished as soon as he was gone out of it. He never reads, and for nothing in the world, he wouldn’t touch any newspaper, the newspapers that we give him are false, they don’t speak about him, Napoleon, and those who read them are accomplices which agree with those who write them. Money has no value, there is only counterfeit money. Often he heard the bears and the monkeys of the Jardin des plantes talked. He remembers the stay that he did in his castle of saint Maur, and even some people who he knew it; these people are sècheur of which saint Maur is the gathering place: he remembers Saint-Yon that he saw populated of ingénues; he also reminds most of the circumstances of his life at Bicêtre, and tormenting him a little we succeed to obtain from him some answers on this subject; he says that he is surrounded by front-lines and we should not approach him, because his lines can be cluttered. But whatever we do, if you try to draw attention to the time of his life that preceded 1824 we can’t get any word. He is Napoleon, born in Corsica, we know, and that said, he goes away without answering.
The multiplicity of his false ideas is not less remarkable as the self-confidence with he delivers them. As witness, he calls the truth of the fact that he says to those who are present, and it is almost impossible to extract from his mouth words which are so many madnesses.
He never wants to write, in the fear to compromise him (I knew later that he had adopted a particular spelling which consisted to delete most of the letters which we do not feel in the pronunciation): He has not for the days of the month the same days of common people. He remains since the beginning of his disease utterly strange to his own affairs, in the political events. He ignores the July Revolution, and he who is Napoleon, has no concern that Louis-Philippe reigns and that he lives at the Tuileries.
It is not with a single session that we succeed to know all the nonsenses in his head; but however many are his nonsenses, he does not say them randomly and without being conscious of what he says; he thinks about it, he repeats them especially when we question him and the arguments which we use to reply are unable to help to dissuade him.
It seems that it is impossible to excite in him any passion, not even the anger; never he asked for favors; he does not think of going out of the hospice and he is not either afraid of the treatments which we threaten him, or which we inflicted him.
Every day during two months we gave him showers without he wanted to give up on any point? [...] [9]
Mr. Picard and me, accompanied with the guard of the division, we lead him in a high place of Bicêtre Hospital where from we discover a very big part of the city, and after we do our best to excite his attention, we tell him:
“Isn’t it Paris there?”
“It is a representation of Paris” he replies; “There are several imitated things but it is Langres.”
“Isn’t it the Pantheon there?”
“It is a representation of the Pantheon.”
“Isn’t it Val de Grâce there?”
“Well, yes, it is a representation of Val-de-Grâce.”
Finally after tormented him and have threatened him with the shower, of which he had be afraid, he answers us:
“Well yes, it is Paris, there! But leave me alone. Whether it is Paris, I say that it is Paris but it is Langres.”
If he went in the city would he be convinced? […] [10] We just walk, with Paris before his eyes. I let Mr. Dupré with his feelings and I let him talk few words. Arrived in Luxembourg:
“Well?”
“There are a lot of changes: all these lands were not there, they were ditches.” (And he’s right).
“And the palace?”
“It is fairly well imitated, but smaller.”
“And the courtyard of the palace?”
“It’s smaller.”
“From here, lead us to Rue de Vaugirard?”
“It is there.”
And we go, him first.
“At the Odeon?”
“No doubt.”
He turns left, when it would have been necessary to turn right.
“Don’t you make a mistake? The Odeon is near the Luxembourg. Ask for directions. I don’t want to indicate it to you.”
He speaks to an agent:
“Tell me, please, in what place they put the Odeon?”
The agent tells him where the Odeon is. Mr. Dupré sees this theater and finds it smaller than the real Odeon.
We go to the local train which leads from Odeon to Boulevard des Italiens. [...] [11] Crossing the Pont Royal, he had his back turned toward the Pont des Saints-Peres, I encourage him to look this last bridge that he does not still know. He looks at me and says aloud:
“Well! In the same place, at Paris, I had built the pont des arts.”
Someone who hears him, talking, pointed out to him that the Pont des Arts is farther.
“No, no,” answers Mr. Dupré: “it is me who is Napoleon; we are here in the city of Langres. You imitated several of the things there which are in Paris; but I am not dupe of it.”
The interlocutor has the kindness not to laugh, not to insist, and for my big satisfaction, the conversation finishes. On boulevards, I want to manage our walk to the place Vendôme; but I pretend not to know any more which way I have to take, and I go away to ask to a passer-by that he indicates me where is this place. “I shall lead you there,” Mr. Dupré tells me, “it is quite near.”
“We are in Paris, because you know how to go to the Place Vendome!” I said this softly, wishing if possible, that the conviction come to him by his own feelings. We see Madeleine, Place de la Concorde, the Obelisk, the Tuileries. I care to go to one of the gates of the garden, being afraid that they opposed to our entry because of the ugly clothes that my companion is worn, and also in fear that he wants to go take instead of Louis Philippe. When we comed back, Mr. Dupré said:
“I am upset for being here.”
“Why?”
“I have regrets, because I couldn’t live there.”
“Who would prevent that you could not live there?”
“It is impossible.”
“Do you know someone in this place?”
“Doubtless I knew some people but all my acquaintances must have disappeared. There is for so long! Let us return to Bicêtre.”
After Dinner, he still walks, indicates to Mr. Picard several passages that shorten the path As M. Picard wants to let him in a reading-room, Mr. Dupré says that all these newspapers are false newspapers and the readers are partners, brought there to read them.
The night, he pays his seat in the carriage and goes back to Bicêtre, with no regrets for Paris. Mr. Picard, who sees out him, requires that before to leave him Mr. Dupré agrees on he is not called Napoleon and he comes from Paris. The patient refused, as he persisted in his refusal, he is put in the bath and one poured some cold water on the head. Then he agrees on all that we want, outside the bath, he returns to his crazy thoughts. [...]

François Fleuret Translated into English by Samy Hamidou
Du traitement moral de la folie (Of the Moral Treatment of Insanity)
 [12] 1840. Paris-Londres: J.B. Baillères, pp. 418-419 & pp. 421-440.

Selected and cut up excerpt by Pacôme Thiellement


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Footnotes

[1] Ndlr : Charenton était un asile psychiatrique fondé au XVIIe siècle, et demeure un centre hospitalier (classé monument historique en 1998), du nom éponyme de ce village puis banlieue proches de Paris (actuellement partie du Grand Paris) où il se situe. Le marquis de Sade y fut interné de 1807 à 1810, sous la direction d’un administrateur éclairé, M. de Coulmier, qui lui donna les moyens de créer et d’animer un théâtre révolutionnaire pour jouer avec les autres pensionnaires, épaulés par des acteurs professionnels, textes en partie repris par Peter Weiss dans son œuvre dramatique qui relate cette période de la vie du marquis associée à d’autres poètes hallucinés et visionnaires de la fin du XIXe et du début du XXe siècles, publiée et jouée en 1963 et connue aujourd’hui sous le titre Marat-Sade — pièce traduite de l’allemand par Jean Baudrillard en 1965, pour les éditions du Seuil. Toujours actif dans la même spécialité mais développé avec d’autres services dont une maternité, jusqu’à la fin des années 1990, c’est depuis 1973 toujours le même lieu sous le titre Hôpital Esquirol (du nom d’un réformateur du premier Charenton) où, plus proche de nous, fut également hospitalisé et soigné pour un alcoolisme grave le grand acteur et cinéaste algérien engagé, et poète, Mohamed Amokrane Zinet (disparu en 1995). Acuellement l’hôpital Esquirol est un centre de santé mulltipolaire.

[2] On peut lire et télécharger gratuitement la version intégrale scannée de l’ouvrage original de F. Leuret, référence de la présente publication, au lien suivant dans le site Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k850793.

[3] Ellipse depuis la ligne 10 (inclus) p. 419 jusqu’à la ligne 15 (inclus) p. 421.

[4] Ellipse depuis la ligne 3 (inclus en partie) p. 426 jusqu’à la ligne 18 (inclus en partie) p. 435.

[5] Ellipse de la ligne 11 (non inclus) p.486 jusqu’à la p. 487 (non inclus).

[6] Ellipse depuis la ligne 2 (inclus en partie) jusqu’à la ligne 8 (inclus) p. 438.

[7] Lunatic Azylum founded in 1645 named ‘Charenton’—the village where it was situated very near Paris. For several years since 1801 Marquis de Sade at the end of his life was held there where he composed and played a revolutionary theater with other patients or prisoners: works that Peter Weiss quotes in his play Marat-Sade (1963)—translated from German into French by Jean Baudrillard: 1964, Seuil, Paris. (See “Charenton (asylum)”, in en.wikipedia).

[8] Ellipsis which concerns the French reference book: missing p.419 from line 10 (included) up to p. 421 line 15 (included).

[9] Ellipsis which concerns the French reference book: missing p. 426 from line 3 (partly included) up to p. 435 line 18 (partly included).

[10] Ellipsis which concerns the French reference book: missing p. 486 from line 11 (not included) up to p. 487 (not included).

[11] Ellipsis which concerns the French reference book: missing p. 438 from line 2 (partly included) up to line 8 (included).

[12] You can read and free download the French book of reference at Gallica (the digital library from the Bibliothèque Nationale de France)—here: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k850793.

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