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#PacômeThiellement Editorial La fin de Satan | The End of Satan

Sunday 19 January 2014, by
Pacôme Thiellement (Auteur)
, Michel Belisle (Author - Translator)


[ FR - ENG ]

Lorsque le Sauveur eût dit ces choses, Marie reprit la parole, disant : « Mon Seigneur, je dois encore te demander quelque chose et j’espère que tu ne me le cacheras pas. Dis-nous, Seigneur, qui pousse l’homme à pécher ? »
Le Sauveur répondit, il dit à Marie : « Ce sont les Archontes du Destin qui poussent l’homme à pécher. »
« Pistis Sofia » [1]


L a fin de Satan. Nous en avions tellement entendu parler. Tous les textes gnostiques nous le disaient. Tous annonçaient cette prison de mort et dévoilaient ce monde en carton-pâte. Tous les textes gnostiques parlaient du maître de ce monde : le démiurge, fou, borgne, méchant ; le Cosmocrator. « Et alors la voix du Cosmocrator s’adressa aux anges : « Je suis Dieu et il n’y en a pas d’autre en dehors de Moi. » Mais moi, j’ai ri joyeusement, ayant sondé la vanité de sa gloire. » (Deuxième traité du Grand Seth). Ils nous disaient que nous ne venions pas d’ici. Ils nous disaient : À la fin, tu seras las de ce monde ancien. Ils parlaient des frontières de plus en plus réduites de ce monde. Ils décrivaient les archontes du destin obsédés à amenuiser nos libertés, nous poussant toujours plus dans l’illégalité. Tous les poèmes mystiques nous le rappelaient. Ils nous disaient : Chaque jour vers l’Enfer tu descends d’un pas, sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. Ils évoquaient notre pacte secret avec l’ordre truqué de ce monde, notre malheureuse complicité avec la lâcheté. Ils montraient le pouvoir temporel sous la forme d’un gros poisson amorphe, une baudruche qu’il n’aurait tenu qu’à nous de dégonfler : l’homme normal. Ils nous disaient : Monsieur Ubu est un être ignoble, ce pourquoi il te ressemble, puisque tu ne parles que de trois choses : la physique, la phynance, la Merdre. C’est-à-dire le sexe, le fric, et toi-même. Tous les traités de haute science et les exposés de pur amour s’y accordaient. Ils tendaient vers nous le fil d’or de notre être de lumière – le fil d’Hermès. Ils nous parlaient comme image ou ange.
Ils nous demandaient de redevenir animaux : le réveil de l’ours, la science de l’âne, le baiser du singe, le roman de renard. Ils furent enterrés. Leurs auteurs furent réfutés puis décimés. Et ils te laissèrent là, dans une crasse solitude. Il ne te restait que les yeux pour pleurer.

Nous avons vécu une petite éternité dans l’ombre peu clémente d’une église de plus en plus institutionnelle, masque et miroir d’un pouvoir de plus en plus inique. Nous avons vécu dans l’ombre d’une gardienne des dogmes et pourvoyeuse des bonnes raisons, des belles excuses à donner à notre soumission. Le monde était quadrillé, découpé en tranches de plus en plus petites. On nous contrôlait de plus en plus près. Le démiurge fou et borgne finit par ressembler à Alain Bauer : un gros tas à la moustache filasse et à la moumoute mal collée, dans un costume à carreaux d’escroc de province, qui vend des caméras de surveillance marchant mal aux présidents qui se succèdent. L’archonte du destin finit par ressembler à Manuel Valls : un connard raide, sorte d’eunuque gominé qu’on ne voudrait pas pour beau-frère, qui ne sourit jamais et qui impose la dictature en poussant les hommes au crime sous les applaudissements de ses pairs. Le gros poisson amorphe, c’était Hollande, suprême saleté se roulant dans les draps d’une actrice trop complaisante, affamé toujours d’une nouvelle guerre – et il accélérait le scooter de la destruction de ce monde dans une sorte d’indifférence bonhomme à tel point qu’on se demandait toujours s’il était surnaturellement stupide ou seulement infernalement con.

Et toi ? Toi tu pleurais. Et tu ne savais pas pourquoi mais tes larmes ne cessaient pas de couler. Sur l’oreiller du mal c’était Satan Trismégiste qui berçait longuement ton esprit enchanté. Tu ne savais pas où tu avais rangé ton épée ; ton sabre pour enfin trancher. Ce qu’il y a de pire dans les moments de crise, c’est moins les saloperies des salauds ou la lâcheté des lâches que l’incapacité des types bien à réagir, leur volonté vaporisée, leur détermination paralysée. C’est toujours de ça que les poètes, de Nerval à Artaud, parlaient. C’était toujours de ça qu’ils souffraient, passant par mille et une périphrases par horreur des conséquences de leur propre parler. Mais le moment d’incubation du Mal était chimiquement nécessaire pour polir ton armure rouge. Il fallait atteindre le fond des enfers pour que l’ascension vers le principe commence.

L a culture académique, relais de l’église extérieure, avait produit une œuvre justifiant le fonctionnement du pouvoir et ses raisons de nous conserver dans l’oppression. La philosophie académique fut le supplétif intellectuel de cette forfanterie, ensuite remplacée par le show-buisness, et enfin les deux dialectiquement mêlés dans la production définitive du « chroniqueur », le cul de basse-fosse du monde : Histoire de la pensée officielle, de Aristote à Christophe Barbier. Le monde devenait plus matériel à mesure qu’il s’enfonçait dans l’injustice et la violence. A mesure qu’il devenait plus matériel, l’homme devenait plus seul – l’incommunicabilité s’imposait – et l’homme ordinaire et le poète maudit ne faisaient plus qu’un – comme dans le poème de Baudelaire. Tous maudits mais tous guerriers. Tous détruits mais tous prêts à combattre encore l’après-dernière guerre mondiale.
Après tout, il restait toujours le folklore. Le folklore n’avait pas totalement disparu. Et les frontières n’étaient pas encore si hermétiquement closes que les peuples de sorcières et de magiciens ne pouvaient traverser nos contrées et rengorger de liqueur sucrée notre spiritualité desséchée. Longtemps, le retournement de la Terre s’était donné dans les temps de carnaval – temps du réveil de l’ours et de sa danse avec Valentin. Aux temps de carnaval, fêtes de l’âne, processions du renard, le peuple retrouvait sa souveraineté perdue, se souvenait de sa véritable nature. Le temps de carnaval était aussi un temps d’Apocalypse. Comme dans le cinéma de Lars von Trier ou la littérature d’Alfred Jarry, l’antéchrist (Ubu-Charlotte), l’étoile-absinthe (Aldernablou-Melancholia), la grande prostituée de Babylone (Messaline-Nymphomaniac) : toutes les figures de l’Apocalypse passaient par notre cœur pour le régénérer. Nous étions tour à tour toutes les images symboliques que nous découvrions sur les tapisseries et les blasons. Nous étions la coupe et le dragon. Et les quatre bêtes du Tétramorphe tournoyaient autour de nous comme un zodiaque ou une boussole.
Dans un article pour La Revue Blanche, Alfred Jarry s’interrogeait : « Il a toujours été classique, pour battre en brèche telle ou telle religion, de lui opposer ce fait, qu’on retrouve dans chacune, avec peu de variantes, les mêmes mythes et les mêmes titres. N’est-ce pas, au contraire, une preuve qu’il existerait une religion absolue, dont les autres ne seraient que des facettes incomplètes et déformées ? » Oui, cette religion absolue existait ; et c’était Carnaval. C’était une comptine, une danse que les enfants faisaient pour se faire peur en se donnant le tournis. Apollinaire le savait, le disait :
« Des enfants
« De ce monde ou bien de l’autre
« Chantaient de ces rondes
« Aux paroles absurdes et lyriques
« Qui sans doute sont les restes
« Des plus anciens monuments poétiques
« De l’humanité ».

C’est ce carnaval que le pouvoir démoniaque avait désormais charge de détruire. C’est cette fête que les gouvernements de ce monde et ses armées de démons voulaient impérativement nous caviarder depuis une presque cinquantaine d’années – et ils étaient sur le point de totalement y arriver. Si tu aimais tant la culture pop des années 60, des Beatles à Reiser, de Topor à Sun Ra, si tu en parlais tellement, c’est qu’elle n’était déjà plus, c’est qu’on l’avait escamotée pour réduire à néant sa puissance de transformation et de régénération. Le monde rétrécissait – un monde postiche pour touristes, un monde en contre-plaqué destiné à ceux qui n’y habitaient pas. Le village mondial était un truc à la Potemkine. Pour finir, et jusqu’à ce que nous ouvrions le désert, jusqu’à ce que nous mangions le sable de Nag Hammadi, les véritables prophètes apocalyptiques de notre véritable nature, les véritables lumières matutinales du gnosticisme oriental, ce furent les poètes bien sûr, mais aussi les fous qu’on enferme. Ils avaient tout vu ; tout. Ils avaient vu ce monde d’après – un monde d’après la pop, un monde d’après la fin. Pierre Roux avait vu que le soleil était un Satan, plein d’ossements et de pourriture, dont le noyau était excrémentiel et dont l’enveloppe était formée par les âmes des damnés des différentes planètes. Il avait vu que Paris était un soleil contenant un million et demi de diables qui s’ébattaient sur cinquante mille fosses d’aisance, que la cuisine était la science du diable car elle consistait à chasser la vie hors des mets par le moyen de la fermentation, du gratin, de la brûlure, de la pourriture et de la conservation. Schreber avait vu un monde de plus en plus strié par les méthodes de télécommunication, un monde de rayons atteignant directement le système nerveux, où tous interféraient avec tous sur les modes de l’épuisement et de l’agacement. Enfin, Monsieur Dupré avait raison de ne pas vouloir lire la presse, puisque ceux qui la rédigeaient étaient des compères qui s’entendaient avec ceux qui la lisaient. Il avait également raison de voir le monde plus petit : et Paris n’était plus Paris, mais un village qui tentait de ressembler à Paris. Le stupide médecin François Leuret continuait à lui administrer des douches froides en vain :
« M. Picard et moi, accompagnés du surveillant de la division, nous le conduisons dans un lieu élevé de l’hospice de Bicêtre d’où l’on découvre une très grande partie de la ville, et après nous être évertués à exciter son attention, nous lui disons :
— N’est-ce pas là Paris ?
— C’est une représentation de Paris – répond-il ; il y a plusieurs choses imitées mais c’est Langres.
— N’est-ce pas là le Panthéon ?
— C’est une représentation du Panthéon.
— N’est-ce pas là le Val-de-Grâce ?
— Eh bien oui, c’est une représentation du Val-de-Grâce. »
Et toi ? Que voyais-tu ?

Toutes ces années passées à tourner autour de l’Apocalypse comme une bête féroce qui pouvait te sauter dessus pour te déchiqueter. Tu finis par comprendre pourquoi tes larmes étaient aussi salées. Elles étaient un déluge en miniature. A chaque fois que tu pleurais, tu activais une fonction apocalyptique ; et, à chaque fois que tu riais, c’est tout l’ordre du monde que tu défiais. C’était fini, Satan. Le fait que le monde aille plus mal allait te rendre meilleur. Pas forcément plus gentil – tu l’es toujours bien assez, va – mais plus clair, plus fort, plus net. Le fait que les mailles de la prison se resserraient t’obligerait à te faire plus fin, plus souple et plus ingénieux pour t’en libérer. C’était fini, Satan. Les mystères en ce monde étaient des armes pour te libérer de tes geôliers ; par l’énigme qu’ils ne pourraient résoudre tu immobiliserais les Archontes du destin – les parents de ta misère. Maintenant la solitude était, non plus une idée, mais un fait. Maintenant il était temps de voir où tu avais égaré ton épée : elle était sous ton oreiller.
« C’est pour cela donc que j’ai apporté les Mystères en ce monde, disait le Christ de la « Pistis Sofia », afin de dissoudre tous les liens de l’Esprit faux et tous les sceaux qui sont attachés à l’Ame ; ces Mystères libèrent l’Ame de ses parents, les Archontes, et ils la transforment en lumière subtile afin de la conduire jusqu’au Royaume de son Père, le Premier Principe, le Premier Mystère, éternellement. C’est pourquoi je vous ai dit autrefois : Celui qui ne laissera pas son père et sa mère pour me suivre n’est pas digne de moi, c’est-à-dire que vous devez abandonner vos parents, les Archontes du Destin, afin de devenir les enfants du Premier Mystère jusque dans l’éternité. »
Maintenant il était temps de combattre la Mort elle-même.


La fin de Satan, inédit © Janvier 2014 PACÔME THIELLEMENTRemerciements à Thomas Bertay [2]


* Ndlr : La strophe citée du poème d’Apollinaire est extraite de La maison des morts, poème du cycle de 1898 à 1913 paru sous le titre Alcools en 1913, au Mercure de France. L’ouvrage (qui contient aussi le poème de référence Zone, et le célèbre Le pont Mirabeau), sera ensuite repris par les éditions Gallimard, et classé 17ème, au titre des livres les plus importants du XXe siècle, par Le Monde littéraire, en 1999.

* * Ndlr: La paraphrase du portrait de Ubu par Alfred Jarry concerne son discours de Présentation (c’est son titre en exergue de la première édition), lors de la première au Théâtre de l’Œuvre, en 1896 à Paris. Comme la citation précédente, c’est un détournement.



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Création 1 © Michel Belisle 2013




[ FR - ENG ]

When the Saviour had said this, Mary continued again and said unto the Saviour: “My Lord, still do I question thee and hide [it] not from me. Now, therefore, my Lord, who compelleth then the man until he sinneth?”
The Saviour answered and said unto Mary: “It is the rulers of the Fate who compel the man until he sinneth.”
“Pistis Sophia” [3]



The end of Satan. We heard so much about it. All Gnostic texts were telling us, they were all foretelling this prison of death and revealing this paper-mâché mocked-up world. All Gnostic texts spoke of the master of this world, the one-eyed, wicked and mad Demiurge, the Cosmocrator. “And then the voice of Cosmocrator addressed the angels: ‘I am God and there is none else beside Me.’ But me, I laughed merrily, having plumbed the vanity of his glory.” (The Second Treatise of the Great Seth). They told us that we were not from here. They told us: In the end, you’ll be weary of this ancient world. They spoke about the shrinking borders of this world. They described the Archons of Destiny’s obsession to limit our freedom, pushing us towards illegality. All mystical poems reminded us; they told us: Every day is a step closer to Hell, without horror, through darkness and stench. They evoked our secret pact with the fake order of this world, with cowardice as our unfortunate accomplice. They showed the temporal power as a large apathetic fish, a balloon, one we could have taken the chance to deflate: the ordinary man. They told us: Mr. Ubu is a despicable being, very much like you because you’re talking about only three things: physics, phynance, and Shitsky. That is to say, sex, money, and yourself. All these treaties of high science and presentations of pure love all agreed. They held to us the golden thread of our being of light— the thread of Hermes. They spoke to us as picture or angel.
They asked us to become animals again: Awakening the Bear, Science of the Ass, the Monkey’s Embrace, the Tale of Reynard the Fox. They have been buried. Their authors were refuted then decimated. And they left you there, in solitude and grime; only your eyes were spared for you to cry.

W e lived for a small portion of eternity in the inclement shadow of a church becoming more and more institutional, mask and mirror of an increasingly unfair power. We lived in the shadow of a guardian of the dogmas and purveyor of polite reasons, pretty apologies to serve for our submission. A grid layered upon a world, sections becoming smaller and smaller. We were submitted to a control constantly tightening its grip. The one-eyed mad Demiurge ended up looking like Alain Bauer: a fat ass with a dirty blonde stache and a badly fitted toupee wearing a cheesy checkered suit, selling faulty surveillance cameras to each succeeding president. The Archon of Fate ended up looking like Manuel Valls: a prick, eunuch-like, brylcreemed, the type we would never want, even as stepbrother, who never smiles and imposes dictatorship pushing men to crime while being applauded by their peers. The large apathetic fish, Holland it was, the filth incarnate, wallowing in a bed with an oh-so complacent actress, always hungry for a new war—speeding the destruction of this world with such nonchalance we always wondered if his stupidity took roots in the supernatural or Hell.

A nd you? You cried. And you do not know why but your tears did not stop flowing. On the pillow of evil was Satan Trismegistus who lulled your bewitched mind. You could not remember where you last put your sword; your sword to cut through your indecision. When hard times hit, the worst is not bastards doing some shit or cowards retreating, but the good guys unable to do the good stuff right, having their will vaporized and determination glued down. That has always been, since Nerval to Artaud, what poets spoke about. It was always what they were suffering from, using a thousand paraphrases, in an attempt to escape the horrific consequences of their own speech. But the time of incubation of Evil was necessary to chemically polish your red armour. We first needed to reach the depths of Hell before we could start ascension towards the Principle.

A cademic culture, relay of the outer church, produced a work supporting the operation of power and its reasons for keeping us oppressed. Academic philosophy was the intellectual auxiliary of this boastfulness, then replaced by show business and, then, the two dialectically intertwined in the final production of the ‘columnist,’ the pit of oblivion: A History of Official Thinking, from Aristotle to Christophe Barbier. The world became more materialistic as it sank into injustice and violence. As man would sink likewise, he became lonelier and lonelier&mdashincommunicability was needed—and the ordinary man and the accursed poet became one&mdashas in Baudelaire’s poem. All cursed, all warriors. All destroyed but ready to fight again in the Post-Last War.

A fter all, folklore was still around, not completely forgotten. And the borders were not yet closed so tightly that witches and magicians could not cross our lands and quench our thirsty spirituality with sweet liqueur. For a long time, the reversal of the Earth happened in carnival time—time of awakening of the bear and its dance with Valentin. In those carnival times, Feast of the Ass, Procession of the Fox (Reynard), people regained their lost sovereignty, remembered their true nature. Carnival time was also apocalyptical. As in the work of Lars von Trier or that of Alfred Jarry, the Antichrist (Ubu-Charlotte), the Wormwood Star (Haldernablou-Melancholia), the Great Whore of Babylon (Messalina-Nymphomaniac): all the figures of the Apocalypse passed through our heart to regenerate. We were by turns every symbolic image we could find on tapestries and coats of arms. We were chalice and dragon. And the four beasts of the Tetramorph swirled around us like a zodiac or a compass.
In an article of La Revue Blanche, Alfred Jarry mused: “It has always been commonplace in order to dispel this or that religion to oppose this fact, found within each one with some variations, that they all bare the same myths and the same entitlements. Would that be, on the other hand, a proof that there would exist an absolute religion, from which the others derived and only be incomplete and distorted representations?” Yes, this absolute religion existed, and it was Carnival. It was a nursery rhyme, a dizzying dance that the children would perform to scare themselves. Apollinaire knew it when he said:
Children
  Of this world or of the other
  Sang those rounds
  With absurd lyric verses
  That doubtlessly are relics
  Of man’s
  Oldest poetic monuments

T he demonic power was then in charge to destroy Carnival. This is the feast that the governments of this world and their armies of demons imperatively wanted being redacted for almost fifty years&mdashand they were about to totally succeed. If you loved so much the pop culture of the 60s, from the Beatles to Reiser, Topor to Sun Ra, if you talked about it so much, that’s because it wasn’t there anymore, being spirited away to nullify the power of transformation and regeneration. The world was shrinking&mdashonly to become a pastiche for tourists, a plywood mock-up for those who did not live there. The global village was a trick à la Potemkin. Finally, and until we open the desert, until we ate the sand of Nag Hammadi, who were the actual doomsday prophets of our true nature, the very first ray of light of the oriental gnosticism? The poets of course, but also the fools being locked-up. They had seen it all, everything. They had seen the world “as seen by”&mdasha world as seen by the pop culture, a world as seen by its own end. Pierre Roux saw that the sun was one Satan, full of bones and decay, the nucleus of which was excremental, and its shell comprised the souls of the damned originating from different planets. He saw that Paris was a sun containing a million and a half devils frolicking on fifty thousand cesspits, that the culinary art was a science of the devil because it expels life out of food by means of fermentation, gratin, charring, decay and preservation. Schreber had seen a world increasingly striated by telecommunication methods, a world of rays to directly hit the nervous system, all interfering using all available modes of exhaustion and irritation. Finally, Mr. Dupré was right not wanting to read the newspaper, since those who wrote in there were cronies and accomplices with those who read it. He was also right to see the world smaller than it was: and Paris wasn’t Paris anymore, but a village that mimicked Paris. The stupid doctor François Leuret continued to administer cold showers in vain:
Mr. Picard and I, accompanied by the superintendant of the division, led him at the top of the Bicêtre hospice where a very large part of the city can be observed, and after we have striven to arouse his attention, we say:
Is not this Paris?
This is a representation of Paris, he replied, there are several things imitated but it is Langres.
Is not this the Pantheon?
This is a representation of the Pantheon.
 ‘Is not this Val-de-Grace?
Well yes, it is a representation of Val-de-Grâce’. ”
And you? What could you see?

A ll these years to revolve around the Apocalypse like a wild beast ready to jump and maul you. You finally understood why your tears were so salty. They were a small-scale deluge. Whenever you cried, you were turning an apocalyptic function on, and, whenever you laughed, you would challenge the whole order of the world. It was over, Satan. The fact that the world was getting worse would make you better. Not necessarily nicer—you still are enough, though—but brighter, stronger, sharper. The fact that jail bars would get closer together forced you to make yourself thinner, more flexible and ingenious in order to escape. It was over, Satan. The mysteries in this world were weapons to liberate you from your captors, with the riddles they could not solve you would petrify the Archons of Destiny—the parents of your misery. Then solitude was no longer an idea but a fact. Then it was time to see where you had lost your sword: tucked under your pillow.
Have I in this manner brought the mysteries into this world—said Jesus Christ from the ‘Pistis Sofia’—which undo all the bonds of the counterfeiting spirit and all the seals which are bound to the soul,—those which make the soul free and free it from its parents the rulers, and make it into refined light and lead it up into the kingdom of its father, the first Issue, the First Mystery, for ever. For this cause therefore, have I said unto you aforetime: He who doth not abandon father and mother and come and follow after me, is not worthy of me.I have, therefore, said at that time: Ye are to abandon your parents the rulers, that I may make you sons of the First Mystery for ever.
Then it was time to fight Death itself.


The end of Satan, unpublished © 2014 January PACÔME THIELLEMENT
Translated into English by Michel Belisle

Many thanks to Thomas Bertay


* Editor’s Note: Stanza from Guillaume Apollinaire is an excerpt from the poem: “The House of the Deadin: Alcools—the collection of poems published in 1913 at Mercure de France and translated at University of California Press Berkeley and Los Angeles in 1965 by Ann Hyde Greet. Second printing 1974: pp.56-57.

* * Editor’s Note: Paraphrase of UBU’s portrait concerns the discourse of Presentation (the title reported in the first edition) by Alfred Jarry at the first performance of the stage play in Paris (Théâtre de l’Œuvre, 1896). As well the previous quote both are “détournements”.


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Création 1 © M. Belisle 2013


P.S.

* Si le tweet qui apparaît dans la fenêtre d’envoi est trop long, (le nombre de signes en excès apparaissant dessous, précédé de : "-") le raccourcir avant de l’envoyer, en prenant soin de ne pas supprimer le lien même de l’article. / * If the content of the tweet is too long (the number of characters in excess is indicated by a negative value), please shorten it and make sure you do not crop the link.


Footnotes

[1] Ndlr : Pistis Sofia ou Sophia (littéralement l’expression signifie la connaissance — la foi initiée — et la sagesse), livre IV, chapitre 131. Titre original n-teukhos mp-sôtêr, « les rouleaux [les livres] du Sauveur ». Codex gnostique résultant en 348 pages manuscrites sur deux colonnes, in quarto, écrit en grec thébaïque (de Thèbes, Haute Égypte) vers 330, copié en copte aux VIIe et/ou VIIIe siècles, découvert vers 1778 par l’orientaliste et érudit biblique Carl Gottfried Woide, alors qu’il était en charge des manuscrits d’Orient au British Museum, au service de la Reine d’Angleterre.

[2] Ndlr : Thomas Bertay est cinéaste, vidéaste, fondateur de la maison de production Sycomore Films. Il est réalisateur avec Pacôme Thiellement des œuvres co-signées produites par Sycomore.

[3] Ndlr : Pistis Sophia, A fourth Book, Chapter 131. Translated by G. S. R. Mead, 1896: revised second edition 1921. London: J. M. Watkins. Source: The Gnostic Society Library.

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