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#AaronSwartz Ce qui arrive dans The Dark Knight : Le Chevalier noir

2013 Carnet janvier-février : Part.1

mardi 12 février 2013, par
Loïc Le Bertern (Traduction)
, Aaron Swartz

Il s’agit du second volume, sorti en 2008, de la trilogie filmique sur Batman de Christopher Nolan, dont le dernier, The Dark Knight Rises, sorti en 2012, est entaché par la fusillade d’Aurora, dans le Colorado, où un jeune homme masqué équipé d’un fusil d’assaut tira sur les spectateurs pendant une projection inaugurale, faisant 12 morts et 58 blessés, durant la nuit du 19 au 20 juillet. Cette tuerie collective marqua le début d’un débat sur le désarmement de la population américaine avec de nombreuses contradictions, comme le port d’armes est l’objet du second amendement de la constitution, et par conséquent un droit inaliénable. Toutefois de nouvelles catastrophes eurent lieu. Face la dernière tuerie, à l’école de Newton, dans le Connecticut, où 20 enfants âgés de 5 à 10 ans périrent parmi les 28 victimes d’un tireur surarmé, le 14 décembre 2012, le président Obama fort de quelques soutiens comme le maire de New York, Michael Bloomberg (républicain / sans étiquette) et quelques autres, s’appuyant sur une partie de l’opinion, a commencé à envisager au moins une règlementation...
Le premier volume, Batman begins, a connu l’édition d’un jeu vidéo la même année que la sortie du film (2005).
Plusieurs articles dans le blog d’Aaron Swartz sont consacrés à cette trilogie dont il analyse le fond communicationnel [1]. Il considère que ce film, le second paru chronologiquement, est en réalité le dernier de la trilogie, celui qui la clôture, et il dit pourquoi.
Enfin, cet essai sur ce film — sur le jeu, et les différents modes existentiels individuels et collectifs des protagonistes, où l’aléatoire tient une grande part de l’émergence commune qui en résulte — est à la fois un texte qui se termine par le mot « suicide », et le dernier que l’auteur ait publié dans son blog (le 1er novembre 2012.
Mais prendre au pied de la lettre la vie de Aaron Swartz et les circonstances de l’histoire et de l’existence de Batman et son rôle dans le jeu serait néanmoins spécieux. Même si au vu des événements qui ont suivi une prémonition de l’auteur, dont la vie est déjà compromise par l’enquête et la surveillance dont il est l’objet au moment où il écrit se texte, s’y exprime probablement.
N’oublions jamais le cours du harcèlement judiciaire dont Aaron Swartz a été l’objet au long de deux ans, et qu’il s’est tué accablé par la pression liberticide et meurtrière des procureurs et des services secrets d’un système, qui après l’avoir dénudé et menacé l’a acculé à n’avoir que ce moyen de leur échapper : la mort. (L. D.)


AARON SWARTZ Carnet de janvier-février_Notebooks of January-February : Sommaire / Contents.



CE QUI ARRIVE DANS THE DARK KNIGHT : LE CHEVALIER NOIR [2] Spoilers, évidemment. [3]



Comme nous l’avons vu, dans Batman Begins dans le style « années 1960 », le plein-emploi et les programmes de lutte contre la pauvreté entraînent la montée en flèche de la criminalité, alors que dans The Dark Knight Rises, dans le style « années 1980 », les politiques de répression de la criminalité et l’économie néolibérale conduisent à une révolte du prolétariat. Les films sont des images en miroir : l’un sur l’échec des politiques libérales et l’autre sur l’échec des politiques conservatrices. En ce sens, The Dark Knight : Le Chevalier noir est vraiment le dernier film de cette trilogie nihiliste, un documentaire du désespoir, de quelque chose d’extérieur au traditionnel combat droite-gauche.

Dès le début, la ville est divisée sur la façon de traiter Batman, qui a inspiré une vague d’imitateurs de second ordre. Certains pensent que c’est mal d’idolâtrer un justicier masqué, mais la plupart (y compris le nouveau procureur, Harvey Dent) approuve ses résultats.

Dent fait sa part d’enfermer les criminels, en travaillant à l’intérieur du système. Il a arrêté les banquiers du gang (sauf Lau) et s’attaque maintenant aux gangsters eux-mêmes, à commencer par le boss Maroni (qui a succédé à Falcone comme chef du gang). Mais si les poursuites judiciaires lui attirent beaucoup d’attention politique elles ne semblent pas atteindre autant de résultats concrets — de nouveaux gangsters surgissent pour prendre la place de ceux arrêtés par Dent.

Dent décide que la seule façon de gagner est de voir grand — vraiment grand. Il arrête tout le monde à la fois, sur des accusations qui sont peu susceptibles de coller. Dent ne se soucie pas d’enfreindre les règles, aussi longtemps que cela résout le problème. Il cite les Romains qui ont suspendu la démocratie afin de protéger leur ville. (Bien que, comme Rachel le souligne, ils ont fini par perdre la démocratie.) « Vous pouvez soit mourir en héros, soit vivre assez longtemps pour vous voir devenir le méchant vous-même », explique Dent. Il espère endosser la cape de Batman, mais le faire à l’intérieur du système.

Mais comme l’explique le maire, Dent n’a pas seulement son propre sens de l’éthique, il agit sur l’ensemble du système : « le gang, les hommes politiques, les journalistes, les flics — tous ceux dont le portefeuille est susceptible de devenir plus léger ». S’il échoue, leurs deux carrières sont terminées.

Tout comme Dent est frustré par le système de la justice, le Joker est frustré par les criminels. Il leur dit qu’ils doivent travailler ensemble : ils ont besoin de tuer Batman. Il propose de le faire pour une somme d’argent considérable, ce que les gangsters acceptent finalement. Le Joker est obsédé par les homo economicus de la théorie des jeux (d’où son nom ?) : quand les gangsters se demandent pourquoi il a besoin d’argent pour tuer Batman, il explique : « Comme ma mère me disait : si tu es bon pour quelque chose, ne le fais jamais gratuitement. »

Le film s’ouvre avec le Joker embauchant cinq hommes pour cambrioler une banque du gang : Simplet coupe les alarmes, Joyeux le tue et perce la voûte, Grincheux le tue et jette l’argent dans des sacs polochons, un bus passe sur lui, Bozo tire sur le chauffeur du bus. Enfin, Bozo retire son masque pour révéler qu’il est le Joker. Il s’agit d’un classique jeu de pirates et, tout comme dans sa théorie, le Joker arrive à garder la quasi-totalité de l’argent.

Batman tente un jour de retrouver le Joker en menaçant le gangster Maroni. Mais ça ne sert à rien, comme Maroni l’explique : « Personne ne va vous dire quelque chose — ils connaissent vos agissements — vous avez des règles. Le Joker, il n’a pas de règles. Personne ne vous le balancera. » Ceci est une application directe de la théorie des jeux dans le théorème de Davies Folk : la chose rationnelle est de sembler irrationnel pour que vos adversaires ne puissent pas compter sur vous pour faire ce qui est rationnel.

Alfred comprend ça rapidement, parce que ça lui rappelle une histoire de son propre passé :

J’étais en Birmanie. Il y a très longtemps. Mes amis et moi avons travaillé pour le gouvernement local. Ils ont essayé d’acheter la loyauté des chefs de tribus, en les soudoyant avec des pierres précieuses. Mais leurs caravanes ont été pillées par un bandit, dans une forêt au nord de Rangoon. On nous a demandé de nous occuper du problème, donc nous avons commencé à chercher les pierres. Mais au bout de six mois, nous n’avons trouvé personne qui ait négocié avec lui... Un jour, j’ai trouvé un enfant jouant avec un rubis gros comme une mandarine … Le bandit avait jeté les pierres au loin... Certains hommes veulent juste voir le monde brûler.

Note en parallèle. Dans cette histoire d’Alfred tout le statu quo (y compris le gouvernement local et les chefs tribaux) est complètement corrompu : le plan officiel est de soudoyer les gens. Mais ce plan est battu par quelqu’un d’encore plus fou, quelqu’un prêt à voler de l’argent, mais ne s’intéressant pas à le garder pour lui-même.

Évidemment, lorsque le Joker peut enfin mettre la main sur l’argent, il allume simplement le feu.

Pendant ce temps, les compromis éthiques de Dent commencent à croître et à se développer. Quand il enlève un des voyous du Joker, il le menace pour obtenir des informations. C’est quelque chose que Batman fait régulièrement, mais Batman rappelle à Dent que lui ne peut pas s’en tirer avec ce genre de choses — ce serait détruire sa crédibilité en tant qu’initié.

Dans une scène culminante, l’homme chauve-souris affronte enfin le Joker au milieu de la rue. Le Joker sait que Batman vit pour une seule règle (« Je ne serai pas un meurtrier ») et l’encourage à la rompre et à le tuer. Mais Batman ne peut pas se résoudre à le faire, à un moment clé il se déporte et enfin s’écrase alors que le Joker s’en sort. (Eh oui, le Joker vient de remporter le jeu du poulet).

Quand il revient à lui, le Joker dit à Batman que, tout en travaillant théoriquement à l’extérieur du système, en fait il n’est qu’un pion de celui-ci :

Pour eux, tu es un monstre comme moi. Ils ont juste besoin de toi maintenant... Mais dès qu’ils n’auront plus besoin de toi, ils vont te jeter dehors comme un lépreux... Leur morale, leur code... c’est une plaisanterie de mauvais goût. Tout cela disparaît au premier signe de difficulté. Ils sont seulement aussi bons que le monde leur permet de l’être. Tu vas voir — je vais te montrer...

Tu as ces règles. Et tu penses qu’elles vont te sauver... Mais la seule façon sensée de vivre dans ce monde c’est sans règle.

Gordon arrête le Joker et l’emmène à l’unité des crimes majeurs, seulement Gordon prétend qu’aurait-il trouvé le Jocker il ne contrôle pas vraiment l’unité — ses hommes travaillent actuellement sur le chef du gang Maroni. « Est-ce que ça vous déprime, lieutenant, de savoir à quel point vous êtes seul ? », demande-t-il (un principe classique du principal-agent).

Le Joker a enlevé en même temps Dent et Rachel et va les faire exploser tous les deux, de telle sorte que Batman ne puisse en sauver qu’un (« Coût d’opportunité »). Batman va sauver Rachel, mais le Joker ayant échangé les adresses, en réalité c’est Dent que Batman finit par sauver [4]. Rachel meurt et Dent perd la moitié de son visage, il devient Double-Face.

Reese, un des employés de Bruce Wayne va à la télévision et menace de révéler l’identité de Batman, mais le Joker l’appelle et lui demande d’arrêter : « J’ai eu la vision », dit-il, « d’un monde sans Batman. Le gang faisait un peu de profit et la police tentait de les arrêter, quartier par quartier... et c’était tellement... ennuyeux, que j’ai changé d’avis ». Et il menace de faire sauter un hôpital à moins que quelqu’un ne tue Reese. (Il a ainsi constitué un « dilemme du wagon fou [5] » : les gens doivent décider s’il est préférable de laisser mourir 100 personnes ou d’en tuer 1.)

À l’hôpital, le Joker explique les choses à Dent :

Ai-je vraiment l’air d’un gars avec un plan, Harvey ? Je n’ai pas de plan... Le gang a des plans, les flics ont des plans... Maroni a des plans. Gordon a des plans. Des intrigants qui tentent de contrôler leurs mondes. Je ne suis pas un intrigant, je montre aux intrigants à quel point leurs tentatives de contrôler les choses sont vraiment pathétiques.

Ce sont les intrigants qui vous ont mis là où vous êtes. Vous étiez un intrigant. Vous avez eu des plans. Regardez ce que vous avez obtenu... Personne ne panique quand des gens attendus se font tuer. Personne ne panique quand les choses vont comme prévu, même si le plan est horrible. Si je dis à la presse que demain un membre d’un gang se fera tirer dessus, ou qu’un camion rempli de soldats sera détruit, personne ne panique. Parce que cela fait partie du plan. Mais quand je dis qu’un vieux petit maire mourra, tout le monde perd l’esprit ! Introduisez un peu d’anarchie, vous bouleversrez l’ordre établi, tout devient chaotique. Je suis un agent du chaos. Et vous savez le truc avec le chaos, Harvey ?... Il est juste.

Cela contraint Dent à dépasser ses limites. Il commence à attaquer tous les responsables de la mort de Rachel : Il commence par Weurtz, qui l’a enlevé. Weurtz abandonne Maroni, qui l’oriente vers Ramirez, qui l’aide à avoir la famille Gordon, puis naturellement Gordon.

Batman, quant à lui, a également franchit les limites. Dans sa tentative pour trouver le Joker, il a transformé chaque téléphone cellulaire en un dispositif d’espionnage, même s’il admet que ce pourrait être trop de pouvoir pour un seul homme.

Le Joker effraie la cité avec ses deux ferries. Une fois les ferries au milieu de l’eau, il coupe leur moteur et installe sur chacun un détonateur pour faire sauter l’autre, construisant ainsi un dilemme du prisonnier (un des bateaux est rempli de vrais prisonniers). Les passagers discutent et votent. L’un des prisonniers fait un pacte d’Ulysse et dans un engagement crédible [6] jette le détonateur par-dessus bord.

Le Joker a également pris en otage un bus rempli de gens qui vont de l’hôpital à l’édifice de Prewitt où, par la fenêtre, on peut voir les voyous du Joker détenir en otage le personnel de l’hôpital, avec des fusils. Gordon se précipite pour attraper les voyous, mais Batman découvre que les voyous sont les otages et les otages sont les voyous. (Le Joker illustre « le Marché des Citrons » : si le Joker rend facile pour vous de tuer ses sbires, pourquoi devriez-vous croire qu’ils sont réellement ses sbires ?)

(Batman sauve les otages — habillés comme des voyous — et arrête l’équipe SWAT et arrête les voyous — habillés comme des otages. Aucun des bateaux ne décide de faire sauter l’autre et Batman empêche le Joker de déclencher le dispositif de sécurité.)

Il va ensuite sauver Gordon, qui tente d’arrêter Dent de tuer sa famille. Dent explique sa nouvelle philosophie :

Tu pensais que nous pourrions être des hommes décents dans une époque indécente. Tu pensais que nous pourrions donner l’exemple. Tu pensais que les règles pourraient être pliées mais ne casseraient pas... [7] tu avais tort. Le monde est cruel. Et la seule morale dans un monde cruel est la chance. Impartiale. Sans préjugés. Juste.

Tout au long du film, nous avons vu des tentatives désespérées diverses pour changer le système en ignorant les règles habituelles : Batman a d’abord pensé qu’il pouvait inspirer le changement en étant un modèle culturel, mais il a seulement fini par causer à une bande de gamins de se faire mal en se déguisant comme lui. Dent a pensé qu’il pouvait nettoyer le système en insufflant de la droiture à l’intérieur, mais il a fini par couper de plus en plus les coins de l’éthique jusqu’à ce que ses propres obsessions personnelles finissent par faire de lui un monstre. Le Joker avait de loin le plan le plus intéressant : il espérait corrompre les corrupteurs, prendre leur place et donner à la ville une « meilleure classe de criminels ».

Et la chose folle, c’est que ça marche ! A la fin du film, le Joker est vivant, les gangsters et leurs blanchisseurs d’argent sont pour la plupart morts, et leur argent a été redistribué (bien que la méthode de la déflation y ait mis le feu). Et comme nous le voyons depuis le début du troisième film, il s’agit d’un équilibre assez stable : avec des politiciens qui ne vivent plus dans la peur des gangsters, ils sont libres d’adopter des politiques de lutte sévères contre la criminalité pour l’empêcher de revenir. [8]

Le film se termine en soulignant que Batman doit devenir le méchant, mais comme d’habitude il ne prend pas le temps de remarquer que le Joker est en fait le héros, mais même si ses jeux variés n’ont qu’une victime innocente, il est trop fou pour représenter un modèle viable pour Batman. Son aspiration au chaos détruit les criminels, mais il terrorise aussi la population. Merci à Batman, la société n’a pas dégénéré en une guerre égoïste, un tous-contre-tous, comme lui-même s’y attendait apparemment, néanmoins cela ne signifie pas que quiconque apprécie ses procédures.

Ainsi, Maître Wayne est laissé sans solution. À court d’options, il n’est pas étonnant que la série se termine avec la mise en scène de son suicide.


1er novembre, 2012


N.B. Le texte original présente trois notes, que nous signalons numérotées de 1 à 3 en gras, entre parenthèses — au début de chacune de celles concernées.


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"#AaronSwartz Ce qui arrive dans The Dark Knight : Le Chevalier noir" by Loïc Le Bertern translator into French from Aaron Swartz’s "What Happens in The Dark Knight" is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported License. Based on a work at http://www.criticalsecret.net/aaronswartz-ce-qui-arrive-dans-the-dark-knight-le-chevalier-noir,097.html.


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Voir en ligne : Source : What Happens in The Dark Knight

P.-S.

- Pour honorer la mémoire de l’auteur tragiquement disparu nous ne re-publions pas ici la source originale de ce texte dans son blog, Raw Thought, (pensée brute), devenu un sanctuaire. Nous remarquons la typographie soignée, les liens incidents (que nous avons intégrés ici, avec de liens sur des explications en français chaque fois que nous en avons trouvé, et sinon les mêmes en anglais que dans le texte original), et incitons à le visiter tant les réflexions qu’il y propose sont intéressantes.

Notes

[1] Ndlr : nous envisageons de traduire ces articles progressivement.

[2] Il s’agit bien du film sorti en salles en 2008 de Christopher Nolan, (suite de Batman Begins ou Batman : Le Commencement sorti en 2005 et auquel il est également fait référence dans ce texte) : The Dark Knight : Le Chevalier noir (fr.wikipedia).

[3] Note du traducteur : Spoiler est un anglicisme utilisé dans le lexique des jeux vidéo pour désigner certains modes d’emplois, ou des propositions thématiques, ou autres explications, qui gâchent le plaisir du jeu en en révélant les ressorts. Dans le lexique en ligne du site JeuxOnLine, on peut lire la proposition suivante :
« Spoiler, terme anglais venant de "to spoil", signifiant "gâcher". Un "spoiler" est une révélation susceptible de gâcher une surprise ou le plaisir de la découverte. Dans le cadre d’un jeu, la publication de solutions trop complètes ne laissant plus la moindre place à la découverte sera considérée comme un "spoiler". Généralement, les "spoilers" sont signalés au lecteur afin qu’il puisse choisir de les lire ou non. »
En faisant cette redondance ironique du titre de son essai, « Ce qui arrive dans (...) », sur le film The Dark knight, d’où l’ajout du mot « évidemment », Aaron Swartz avertirait significativement ceux qu n’auraient pas encore vu le film que cette lecture expose à des dévoilements de l’histoire et que s’ils en craignaient l’effet alors ils devraient passer leur chemin — par conséquent il en va de même pour les lecteurs de la traduction en français qui n’auraient pas encore vu ce film.

[4] (1) Je ne suis pas immédiatement certain du jeu dont il s’agit sensément. C’est un peu comme le jeu des gobelets empoisonnés dans The Princess Bride, mais je ne peux pas trouver un personnage correspondant dans la littérature.

[5] Version française consacrée du terme original en anglais Trolley problem, question d’éthique définie en sciences cognitives et dans les neurosciences, qui désigne le problème du cas où choisir pour le bien d’un groupe peut revenir à décider de léser ou de sacrifier un autre, un individu (comme l’auteur l’explique ensuite) ; question générale du pouvoir et de la gouvernance des démocraties mais aussi des groupes, qui concerne également quoique plus rarement le discernement dans la vie personnelle, encore qu’il s’agît encore de l’exercice d’un pouvoir... l’article éponyme dans wikipedia anglophone.

[6] Le pacte d’Ulysse est un accord préventif d’Ulysse — informé des sirènes par Circé, — avec son équipage, pour se permettre d’écouter le chant des sirènes sans risquer de les rejoindre au moment où elles apparaîtront ; cet accord porte sur la conduite que devra adopter l’équipage lorsque son commandant ne se trouvera plus en mesure de donner des ordres rationnels à ces compagnons, et qu’il aura vraisemblablement changé d’intention. Ce terme est également utilisé en psychiatrie pour exprimer le pacte préventif entre un patient stabilisé et son médecin, dans le cas d’une rechute (principalement concernant les schizophrènes, ou les délirants).

[7] (2) « Tu pensais que nous pourrions donner l’exemple. Tu pensais que les règles pourraient être pliées mais ne casseraient pas... » : ces deux phrases sont dans le scénario mais ont été coupées dans la version cinématographique.

[8] (3) Cela explique aussi pourquoi la foule de la loi et de l’ordre semble tellement vexée par cette réussite — ce n’était pas vraiment la politique qui avait réussi.

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