- Lever du soleil sur le port d’Alger
- © Juin 2013 Olivier Hadouchi
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[gris]M[/gris] iroirs de villes connues et appréciées ou inconnues et désirées (Istanbul, Montevideo, Santiago du Chili et de Cuba), susceptible d’éveiller une certaine curiosité (Mexico, Beyrouth, Buenos Aires), villes à demi oubliées ou redécouvertes (Alger, Berlin, Mende). Des rivages découverts, parfois étendus sur plusieurs dizaines et dizaines de kilomètres. Vers la maison où habite l’oubli ? Vers d’autres rives plus lointaines : des rivages somnambules.
« L’histoire n’est pas finie ». Ces caractères qui s’affichent en intertitres à la fin de L’aube des damnés (1965) d’Ahmed Rachedi, avec un commentaire écrit par Mouloud Mammeri, auteur notamment de L’opium et le bâton. D’ailleurs, sommes-nous déjà sortis d’un tel paradigme (l’opium et le bâton, la chimère manipulatrice pseudo dissuasive et le knout de la répression), dans un contexte où, plus que jamais, l’histoire n’est pas finie (malgré ses accents mélancoliques, cette sensation de dérive aux impulsions dépourvues de maîtrise, d’échappées souvent vaines et de faux semblants) ?
En me promenant dans le centre d’Alger (non visité depuis octobre 1989) avant de rejoindre ses hauteurs, quelques séquences d’un film ressurgissent, repassent en boucle en mode accéléré, ralenti, flash forward, pause. Tahia ya Didou de Mohammed Zinet. Montage accéléré, action painting (dixit Marion), jets de couleurs rouge et noire, flashs de lumière saccadée, déambulations brusques ou langoureuses, changement de rythme(s) comme dans une chanson populaire dans un café enfumé. Un film arraché au conformisme, à la bêtise et à l’oppression renouvelée, un chant poétique adressé à une ville, hymne à la liberté reconquise face aux pesanteurs d’ici et d’ailleurs, œuvre née de l’errance et de l’amitié. Des scènes et des séquences ressurgissent dans le désordre, repassent en boucle dans ma mémoire désormais presque apaisée, traversée de quelques soubresauts aux allures d’étoiles filantes. Je me garde bien de tenter d’interpréter ces images, préférant les laisser défiler et se superposer devant mes yeux, face à une baie immense au lever du jour, d’un autre jour au crépuscule, vers des rivages somnambules.
Olivier Hadouchi
Iconographie : photographies originales par l’auteur (2013).
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